En ce 25 octobre 2016, l’heure est propice à une analyse du blocage du
processus électoral qui a suivi la fin du mandat légal du président Martelly. Depuis
lors un groupe de sénateurs a procédé à une série de blocages électoraux et a
développé une stratégie de sabotage des solutions de conciliation. Il en a
résulté une dégradation de la situation politique, au milieu des jeux dangereux
d’un groupe de politiciens. L’étendue de la tragédie provoquée par le cyclone
rend dérisoire ces manipulations et magouilles qui ne correspondent absolument
pas aux urgences et aux attentes du pays.
Le processus électoral de 2015 a débuté en 2011 quand Michel Martelly a demandé aux Présidents
des deux Chambres du Parlement de participer à la création du Conseil Electoral
Permanent (CEP).
Un amendement problématique
À l’époque, les présidents des deux Chambres Simon Desras et Levaillant
Louis Jeune réclamaient la publication de la constitution amendée, comme condition pour
s’engager dans la formation du CEP.
Plusieurs secteurs de la société étaient opposés
à la publication de cet amendement à cause de la falsification réalisée par le Sénateur Jocelerme Privert. L’amendement
fut finalement publié le 19 Juin 2012.
Martelly accepte le CEP d’exception
Quelques jours plus
tard le 9 Juillet 2012 le Président Martelly écrit aux Présidents des deux Chambres pour leur demander de communiquer le
nom des trois délégués devant représenter le pouvoir Législatif au CEP. Simon Desras rétorque que la formation du CEP n’est pas une priorité pour
les sénateurs. Un mois plus tard Desras affirme qu’il est opposé à la formation
d’un CEP permanent et propose un CEP d’exception, plus précisément un CTCEP (College Transitoire du Conseil Electoral Permanent). Trois journalistes ne donneront jamais
à Martelly le bénéfice du doute.
Martelly acceptera la proposition des sénateurs à travers la signature
d’un Accord. Les parlementaires attendront trois mois pour la mise en œuvre de l’Accord, alors que, le 5 Avril 2013, le Pouvoir
Judiciaire désigne ses trois membres pour compléter le CEP qui rentrera en fonction le 19 Avril 2013.
Stratégie de blocage électoral
de la part de Desras
Malgré tout, le double jeu de Desras contre
les élections continue avec la complicité du Sénateur Moïse Jean-Charles à
travers deux déclarations. Assoiffé
de pouvoir, Desras fera de nouvelles exigences
en échange du vote de la loi électorale. Martelly acceptera les nouvelles demandes à travers l’Accord
El Rancho qui sera signé entre les partis. Ayant respecte sa part de l’Accord,
Martelly transmettra au parlement le 31 Mars 2014 les amendements à la loi
électorale proposé par le Comité de Suivi de
l’Accord d’El Rancho au parlement en vue d’être votés en urgence. Le 2 Avril,
les députés votent à l’unanimité l’amendement de la loi électorale comme
convenu dans l’Accord d’El Rancho. La loi électorale transmise au Sénat depuis
le 4 Avril est bloquée par six sénateurs. Après vingt jours de blocages de
la loi électorale, le Président Martelly écrit au Sénat pour encourager le vote de la loi votée a l’unanimité par la
Chambre des Députés. Le Président du Sénat, Simon Desras qui avait proposé le
CEP d’exception ou CTCEP change encore
sa position. Cette fois, afin de bloquer et
retarder le processus électoral, il propose la formation d’un Conseil Electoral
Provisoire (CEP) selon l’article 289 de la constitution.
Martelly répond au Président du Sénat lui rappelant les longues
étapes et les concessions consenties depuis 2012 et les engagements pris lors
de l’Accord El Rancho. Pas question de retourner en arrière dans l’esprit de
bloquer l’organisation des élections. On apprendra que l’ensemble des manouvres de Desras avait
pour objectif de renverser le Président Martelly dans l’espoir qu’il
deviendrait Président Provisoire de la république. Le blocage des élections, la
demande de soldats Chilien au Président du Senat de ce pays pour renverser le
gouvernement constitutionnel, le montage fait sur le cadavre du Juge Jean Serge
Joseph et des accusations chaque semaine sans preuve dans la presse font partie
de ces efforts.
Martelly résiste au sabotage
électoral de certains sénateurs
Conformément à la constitution et à l’Accord d’El Rancho, le Président
Martelly, n’ayant reçu aucune objection des deux pouvoirs, confirme leurs membres au CEP à travers un arrêté. Ils seront installés dans leurs fonctions le 9 Mai 2014. Deux nouveaux membres seront installes le 17 Juillet. Nous sommes
déjà en Août, cinq mois après le vote de la loi électorale à l’unanimité par la
Chambre des députés. C’est le moment que choisissent six sénateurs pour bloquer
le vote de la loi électorale au Sénat et pour
empêcher l’organisation des élections. Inquiet, le CEP écrit au Président de la république pour l’informer de la nécessité du vote
de la loi électorale pour l’organisation des prochaines élections et de la
difficulté de respecter la date du 26 Octobre si ce n’est pas fait. De son
côté, Desras décide de changer sa tactique politique de blocage. Dans une lettre au Président Martelly le Sénateur Desras reconnaît sa
difficulté à faire fonctionner le Sénat et à faire voter la loi électorale. Martelly
lui répond qu’il attend un signal clair du Sénat de leur volonté
d’organiser les élections à travers le vote de la loi électorale.
Harcèlement sénatorial et dégradation de
l’environnement politique
Face à cette guérilla menée par des sénateurs pour bloquer le
fonctionnement électoral de l’État, l’environnement
politique se dégrade. Parmi de nombreux partis politiques qui voulaient renverser
Martelly, trente-cinq partis et regroupements politiques exigent des élections cette année. Bien que six sénateurs soient
responsables de ce blocage, des éléments de la presse l’attribuent à Martelly. Le
Conseil Permanent de l’Organisation des Etats Américains annonce dans une déclaration que L’Exécutif Haïtien, la Chambre
des Députés ont respecté leurs engagements afin de faciliter l’organisation des
élections mais que jusqu’à cette date le Sénat n’avait entrepris aucune action.
Martelly essaie une énième tentative : il invite les six sénateurs de
l’opposition á une rencontre au Palais National le 1er septembre. Dans leur obsession de blocage du processus électoral les sénateurs ne
répondront pas à l’invitation, sauf Desras le malin…
Tentatives de conciliation et
concessions gouvernementales
Confrontée à ce blocage, l’Ambassadrice des Etats Unis aux Nations
Unies, Samantha Powers fera des déclarations au Conseil de Sécurité des Nations Unies pour
demander au Sénateurs de remplir leurs responsabilités constitutionnelles.
Plusieurs chefs de file du Congrès des Etats Unis écriront pour encourager les sénateurs à voter la loi électorale
afin de faciliter l’organisation des élections en Haïti. Martelly pour sa part
renouvellera son invitation aux sénateurs obstructionnistes. Pour sa part
l’Organisation du Peuple en Lutte (OPL) proposera, qu’en échange du vote de la loi électorale, les
parlementaires resteront en poste jusqu’au prochaines élections malgré la fin
de leur mandat. Finalement, Martelly lance le 22 Septembre une troisième ronde
de consultations et dialogue entre les acteurs politiques d’Haïti. Il déclare
qu’il est prêt à de nouvelles concessions dans le cadre de ce dialogue avec l’opposition. Ce
dialogue durera 10 jours, du 25 septembre au 8 Octobre. Il donnera naissance à
deux nouveaux accords : la formation d’un nouveau CEP et le contrôle du
gouvernement par l’opposition.
Coup d’État institutionnel et
sabordage électoral
Ce coup d’État forcera la démission du Premier Ministre Laurent Lamothe,
sans un vote du parlement et l’installation d’un nouveau Premier Ministre Evans
Paul sans ratification. L’opposition prendra aussi le CEP qui aura à sa tête
Pierre Louis Opont. C’est le CEP de l’opposition qui organisera les élections
du 9 Août et du 25 Octobre 2015. Les élections du 9 Août 2015 étaient
caractérisées par des irrégularités, fraudes et la violence de quatre-vingt-cinq
partis politiques. Selon les rapports des journalistes et des radios d’Haïti,
la journée électorale du 25 Octobre 2015 était, à part quelques petits
dérapages, parfaite. Plusieurs
leaders politiques ayant conclu qu’ils n’avaient pas gagné parce qu’ils
n’avaient pas reçus de procès verbaux, privilèges réservés aux candidats classés
premier et deuxième, conformément au décret électoral, décidèrent de saboter les élections.
Sans la moindre contestation
légale et formelle, une campagne de sabotage des élections fut lancée par Jude Célestin,
Moïse Jean Charles et Maryse Narcisse à travers des subterfuges. Ils seront aidés dans cette campagne destructrice
par quatre journalistes.
Jude Célestin joue au « qui
perd gagne »…
Jude Célestin a perdu et
est classé second à cause de plusieurs erreurs. Jude Célestin et ses alliés décidèrent de prendre le
processus en otage en réclamant la mise en place d’une Commission d’évaluation Electorale, ce qui constituait une demande inconstitutionnelle. Les constituants de 1987 voulaient à tout
prix éviter l’interférence de l’Exécutif dans la gestion du processus
électoral. Martelly accepta les desideratas de Jude et ses allies. Jude utilisa les recommandations de
cette commission qu’il réfutait pour faire de nouvelles demandes.
Le coup mortel fut donné au processus électoral suite aux déclarations de Danton Léger la nuit du 21 au 22 Janvier quand des
commandos ont attaqué treize centres de votes qu’ils ont pillés et brûlés,
ainsi que le Lycée flambant neuf Anacaona de Léogane. L’Organisation des Etats Américains (OEA) à travers sa
Mission d’Observation Electorale ne fera aucun rapport sur cette violence politique. Face a cette violence
Martelly signera un Accord qui ouvrira, sans élections, la porte de la Présidence
a l’opposition. Le Calendrier de cet Accord prévoyait l’organisation des élections
présidentielles le 14 Mai et la fin de mandat du Président Provisoire le 14
Juin 2016. Dans la nuit du 13 au 14 Février l’Assemblée Nationale organisa une
élection au second degré pour choisir un Président provisoire de la république.
Les trois candidats Edgard Leblanc, Jocelerme Privert et Dejean Belizaire
étaient tous d’anciens présidents de l’Assemblée Nationale. Apres un deal avec Leblanc, Privert fut
élu Président provisoire de la république. Il mit de cote son deal avec Leblanc
et décida de saboter l’accord en choisissant un Premier Ministre de sa famille
politique, Fritz Jean. Privert fut ramené à la raison par le parlement qui
donna un vote de confiance à Fritz Jean. Ce fut une défaite frappante pour Privert qui commençait à réafficher
ses tendances antidémocratiques. Privert était implique dans le massacre de la
scierie selon des organisations de droits humains, l’armement des gangs du
kidnapping en 2004 quand il était le Ministre de l’Intérieur et la
falsification de la constitution comme sénateur de la république. Malgré le
signal sans équivoque du parlement Privert et le Secrétaire General de la Présidence
Anthony Barbier initièrent un processus de manipulation pour prendre le
contrôle du nouveau Conseil Electoral qui allait être nomme. Ces manipulations
pour construire un CEP partisan débutèrentau sein du secteur droits humains et continua avec
plusieurs autres secteurs mentionnes dans l’article 289 de la constitution. Une
fois le CEP en place, Privert se servira de LéopoldBélanger, le Président du
CEP, pour nommer une Commission Présidentielle de Vérification, communément
appelée par la population Commission de Falsification pour manipuler les
résultats des élections de 2015. Son objectif politique était d’éliminer le
candidat gagnant des élections de 2015. Malgré les manipulations Privert ne
réussit pas son coup avec la Commission de Vérification dont le rapport est truffe d’erreurs factuelles et légales. Face a cet échec il décidera
unilatéralement avec des complicités de l’Initiative de la Société Civile
(ISC), d’annuler les élections espérant qu’a travers la manipulation et les
magouilles qu’il pouvait obtenir un résultat diffèrent. Privert plonge dans ses
magouilles pour se maintenir au pouvoir n’organisa pas les élections ni le 14
Mai 2011 ni a la fin de son mandat le 14 Juin 2016. De la manipulation du processus électoral en faveur de son
camp politique, à la corruption, aux abus de pouvoir, aux menaces de violences, l’affaire des Cayes, dut faire face aux violations des droits humais, aux nominations illégales et à la gestion… de l’état.
Jocelerme Privert, l’homme au
bilan catastrophique
Le bilan de Jocelerme Privert à la fin de son mandat le 14 Juin est une
catastrophe. Sa corruption de quelques militants de droits humains n’a pas pu
enterrer ces violations. Depuis la fin de son mandat le de facto, Privert est
l’objet de poursuites judiciaires pour usurpation de titre et violations de
la constitution après sa décision de se maintenir au pouvoir au delà de la date
constitutionnelle.
La fin de son mandat n’est
pas seulement reconnue par le Corps Législatif et le pouvoir judiciaire mais aussi par la Commission Interaméricaine des Droits de l’homme. Son dossier
est actuellement à la Cour d’Appel. Président illégal et de facto depuis le 15
Juin Privert tire les ficelles pour l’exécution du coup d’État électoral
souhaité. Les menaces sur huit
superviseurs électoraux qu’il essayait de récupérer déclenchent la sonnette d’alarme. L’invention du
poste « Observateurs Communautaires » non prévu dans le décret
électoral est immédiatement
combattu par le PHTK devant les tribunaux et a dû être annulé.
Cafouillage et tripatouillage,
comme mode de fonctionnement
La nomination de deux statisticiens de la Commission présidentielle de Vérification,
comme Directeur et Directeur adjoint du centre de tabulation du CEP est sans
précédent, parce que donnant le contrôle du centre de tabulation des résultats
des élections au palais présidentiel. Les magouilles entourant le processus
d’authentification de l’ONI est rejeté par
le CEP dans le but de voler des centaines de milliers de cartes électorales au
bénéfice du candidat favori de Privert qui est en bas dans les sondages.
C’est dans ce contexte que se préparaient les élections du 9 Octobre
qui ont dû être annulées à cause de l’ouragan Mathieu. Le dernier sondage avant le
9 Octobre donnait Jovenel Moise gagnant avec 54% suivi de Jude Célestin 23%,
Moise Jean Charles 12% et Maryse Narcisse 7%. Un an plus tard, le 25 Octobre
2016 la victoire de 2015 de Jovenel Moise n’est que renforce. Nombreux sont qui
se demandent pourquoi les anarcho populistes ont fait tant de torts aux pays.
Les résultats qu’ils espéraient changer demeurent.
Suite à une évaluation réalisée après le passage de l’ouragan Mathieu, de
1567 centres de vote, 194 ont été endommagés, soit 12.5% du total des centres.
Sur cette base le CEP de Berlanger avait prévu d’organiser ces élections le 30
Octobre selon l’information qu’il a communiquée aux partis politiques, lors
d’une réunion récente. Sous pression politique de Privert, Berlanger a changé
la date pour le 20 Novembre.
Bien compté, mal calculé :
l’incompréhension des besoins réels d’Haïti
Le fait de ne pas savoir comment changer les chiffres des sondages
donne de sérieux maux de tête à Privert. Malgré la publication de l’Arrêté
convoquant le peuple dans ses comices, Privert essaie de développer une
stratégie du chaos en utilisant le parti Fanmi Lavalas. Ils espèrent qu’en fomentant
la violence et l’instabilité politique il y aura moyen d’annuler les élections
et de créer un environnement favorable à l’installation d’un gouvernement
provisoire pour deux ans, afin de pouvoir changer la Constitution sans le vote
du peuple. C’est-à-dire quelque chose qui causerait la révolte générale dans le
pays. Haïti, pour régler ses
problèmes urgents et dramatiques a besoin de stabilité et de dirigeants
constitutionnels ayant reçu le suffrage populaire que seules les élections peuvent
légitimer.
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