Le
14 Février 2016 Jocelerme Privert devenait le Président par intérim
d’Haïti suite à un vote de l’Assemblée Nationale. Ceci est le résultat d’un accord signé entre les pouvoirs
Législatif et Judiciaire, le 6 Février à la fin du mandat du Président constitutionnel
Michel Joseph Martelly. Cet accord donnait à Monsieur Privert une seule
mission: La finalisation des élections de 2015 pour garantir l’installation
d’un Président constitutionnel le 14 Mai 2016.
Les
détails du vote du 14 Février de l’Assemblée
Les trois candidats briguant la Présidence
Provisoire sont tous des anciens
Présidents de l’Assemblée Nationale : Edgard Leblanc, Dejean Belizaire et
Jocelerme Privert. Au premier tour Edgard Leblanc gagnait au niveau de la
Chambre des Députés et Jocelerme Privert, le Senat. Suite à ces résultats, un
huis clos fut sollicité. Au cours
des échanges, un compromis fut trouvé. M. Leblanc et les groupes parlementaires
étaient d’accord pour voter M. Privert, qui de son côté choisirait son
concurrent comme Premier Ministre.
Ceci permit de doubler le nombre de votes de M. Privert au second
tour.
Le
Président intérimaire Privert et le choix du Premier Ministre
Dans le cadre de l’accord du 6 Février, J.
Privert rencontra les partis politiques représentés au Parlement ainsi que les
partis non représentés et différents secteurs de la société, y compris la
société civile. Quinze noms figuraient sur la liste des premiers ministrables.
Apres maintes discussions trois noms figuraient sur la liste finale (Leblanc, Manigat
et Pierre) Pour ce qui est d’Eric Pierre, le consensus au parlement était qu’il
ne passerait pas le cap de la ratification, parce qu’il était trop fidèle a
Préval. Vu qu’il avait été rejeté deux fois par le Parlement, il ne pourrait
pas être neutre pour finaliser les élections parce que faisant partie de ce
cartel qui veut absolument mettre Jacky Lumarque Président.
Enfin, Mme Mirlande Manigat n’avait aucune chance, parce qu’elle était opposée à l’organisation des élections en Haïti au cours des quatre dernières années. Le consensus était que le Sénateur Leblanc, un homme modéré, trouverait les votes pour devenir Premier Ministre. Le Président intérimaire confirma les trois noms sur la liste finale, en accord avec le Président de la Chambre des Députés qui communiqua l’information aux groupes parlementaires.
Quelle ne fut pas la surprise quand le citoyen
nommé fut M. Fritz Alphonse Jean qui ne figurait pas sur la liste. Selon une
opinion très partagée, il était recommandé par l’Initiative Citoyenne du
Cap-Haïtien et par une organisation de droits humains. Un sentiment de trahison
traversa une majorité de parlementaires, et en conséquence, la perception que
Fritz Jean émanait du même secteur politique que le Président Privert diminua
ses chances de ratification. L’accord du 6 Février prônait un premier ministre
de consensus pour éviter toute tentative partisane d’influencer les élections
de la part du gouvernement. De fait J. Privert a créé les conditions pour
renvoyer Fritz Jean au Parlement. Ce qui a été fait le 20 Mars. Cette attitude
soulève des questions légitimes. Privert veut-il faire passer le temps pour ne
pas organiser les élections ? Ou Est-ce une politique d’usure de Privert pour
affaiblir le pouvoir Législatif et tenter de le dissoudre ? Cette approche
mènera-t-elle à la perte de Privert ? Une chose est certaine la stratégie
médiatique de Privert pour discréditer le parlement a échouée a cause des
alliances politiques mis a jour par ses nominations au Palais.
Jocelerme
Privert s’est trahi
Les trois conférences de presse de J. Privert,
son discours bilan et plusieurs décisions politiques ont révélé clairement
qu’il n’est pas intéressé à finaliser les élections. Le refus de nommer les
membres du Conseil Electoral Provisoire, alors qu’il a les noms depuis dix
jours est impardonnable. Sans parler de ses manipulations de nombreux secteurs
pour désigner des gens à lui au CEP.
Vingt-huit organisations de droits humains ont voté pour choisir un des
trois candidats pour les
représenter au CEP. Le premier désigné a obtenu dix-huit votes, le second dix
votes et le troisième candidat M. Sainthubert a reçu zéro vote.
Au lieu de designer le premier, Privert a joué
avec le POHDH (Plateforme des Organisations Haïtiennes de Défense des Droits
Humains) pour choisir Sainthubert. Il a fait la même chose avec les syndicats
et quatre autres secteurs relevant de l’article 289 de la Constitution
désignant les secteurs qui doivent déléguer des membres au CEP. Quand dans son discours M. Privert a
déclaré qu’il « voulait combler le vide à la Cour de Cassation », nombreux sont
ceux qui ont compris sa manœuvre politique pour consolider son pouvoir. Des quinze ministres nommés dans le
cabinet ministériel, 13 sont du parti Vérité et 3 proches de Fanmi Lavalas,
loin du consensus recherche.
En résumé, la crédibilité du Président
intérimaire Jocelerme Privert a été sérieusement discréditée par les
comportements suivants : les manœuvres de politisation de la Police Nationale,
les interférences dans le pouvoir judiciaire, les anomalies dans les
consultations avec les Présidents des deux chambres pour choisir le PM, les
violations répétées de l’autorité constitutionnelle du Premier Ministre Evans
Paul et des membres de son gouvernement, les demandes d’argent dans les
ministères et la banque centrale violant les lois sur la fonction publique et
ainsi que sa tentative visant a créer un environnement favorable à une chasse
aux sorcières. Par ailleurs, outre toutes ces manipulations dont personne n’est
dupe, un autre élément explique son échec au Parlement. Il s’agit de son
insistance à mettre en place un Conseil Electoral Provisoire parallèle portant
le nom de Commission de Vérification, dans le but inavoué d’annuler les
élections et de générer un nouvel accord qui lui permettrait de rester au
pouvoir pour deux ans, changer la Constitution et nommer Jacky Lumarque
Président.
Les
Options de Privert ?
Pour rétablir la confiance, le Président
intérimaire Jocelerme Privert peut faire trois choses :
Premièrement, il peut nommer aujourd’hui lundi
21 mars, par arrêté, les neuf membres du Conseil Electoral Provisoire (CEP)
chargé de finaliser les élections.
Deuxièmement il peut consulter les trois
groupes parlementaires de la Chambre des Députés et les deux groupes du Sénat
pour rapidement statuer sur le choix d’un Premier Ministre de consensus que le
parlement ratifierait en quarante-huit heures.
Troisièmement : Demander une prolongation de
deux semaines pour rattraper le temps perdu.
En dehors de ces options Privert, tout effort
pour essayer de négocier un nouvel accord politique avec deux ou trois proches
de sa famille politique, pour rouler tout le monde, il sera force de
démissionner et laisser la Présidence. Il faut aussi constater le manque de
jugement du leadership politique de la MINUSTAH qui a accompagné Privert dans
ce forcing suicidaire. Quelque chose doit changer à ce niveau. En attendant il
est fort possible que les deux candidats a la Présidence qualifies pour le
second tour lancent leur campagne ce Jeudi 24 Mars conformément a l'accord du 6
Février, un mois avant les élections.
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