It is during our darkest moments that we must focus to see the light

Mwen se echantiyon yon ras kap boujonnen men ki poko donnen

Si vous voulez vous faire des ennemis essayer de changer les choses

Monday, April 28, 2014

Pourquoi le Président du Senat d’Haïti Simon Desras a-t-il peur des élections? par Stanley Lucas


Depuis 2012 le Sénateur Simon Desras fait de son mieux pour bloquer l’organisation des élections démocratiques en Haïti. Le Sénat a toujours fait partie de toutes les discussions devant aboutir a la mise en place du CEP pour organiser les élections en Haïti. Quand le Président Martelly a propose d’institutionnaliser le système électoral par la mise en place d’un CEP permanent c’est le Sénateur Desras et ses allies au sénat qui se sont opposes a cette proposition. Ce sont eux qui ont propose le CTCEP le 7 Novembre 2012 et qui a permis l’accord du 14 Novembre 2012. C’est encore le sénateur Simon Desras qui a propose l’article 7 de l’Accord politique d’El Rancho pour changer si l’un des pouvoirs le voulait un membre du CEP.  C’est le sénateur Desras qui a donne le mandat au sénateur Steven Benoit pour signer l’Accord Politique qui ouvre la voie à l’organisation des élections. C'est lui qui avait déclaré qu'une fois les dix noms pour la Cour Superieure des Comptes dans le Moniteur, le il signerait l'Accord et respecterait ses engagements, pour plus de details klike la: https://soundcloud.com/haiticherie/audio-simon-dieuseul-desras L’ensemble des partis ayant signe l’accord ont respecte la signature donnée. Il revenait au Senat de voter l’amendement de la loi électorale après le vote massif de la chambre des députés. Aujourd’hui que le sénateur Desras et ses allies écrivent a l’Exécutif pour recommencer a zéro le processus de formation du CEP est un signe patent de mauvaise foi pour être charitable. Est-ce que la chambre des députés, les pouvoirs judiciaire et exécutif accepteront de remettre le CEP a cette société civile donc un secteur politique que nous connaissons bien qui a été maitre dans la manipulation des élections a travers 14 CEP provisoires sours leur contrôle? Quel est le raisonnement derrière ces efforts absurdes? Le contrôle du CEP? Deux arguments contredisent cette approche. Le premier c'est que les membres actuellement au CEP ont été désignés par les trois pouvoirs de l'état. Dans ce contexte c'est un CEP équilibré. N'est-ce pas Desras et ses allies qui ont introduit cette formule dans l'amendement de la constitution de 2012? Le second, c'est qu'il est impossible de voler des élections comme Fanmi Lavalas, Lespwa et l'INITE savaient le faire avec le contrôle du CEP de 1995 a 2010. Les élections du 28 Novembre 2010 sont une preuve concrète. Preval et l'INITE malgré la mainmise sur le CEP n'ont pas pu impose Jude Celestin comme President en Novembre 2010. Le peuple est descendu dans les rues pour défendre son vote.

Selon les analystes le blocage vient du fait que le Sénateur Desras et ses collègues Lavalas croient que s’il n’y a pas d’élections le Président Michel Martelly devra démissionner pour lui céder la place comme Président Provisoire de la république. La nouvelle constitution amendée en 2012 prévoit que si le Président constitutionnel de la république n’est plus en fonction c’est le Président du Senat qui le remplacera. Le plan de Desras une fois a la tête de l'Etat sera de remettre le pouvoir a son parti Fanmi Lavalas a travers des élections truquées. Ce que Desras n’a pas comprit dans ce raisonnement théorique absurde c’est que son mandat a prit fin depuis le 14 Janvier 2014. Si l’Accord d’El Rancho qui a prolonge son mandat n’existe plus il ne peut pas être Président Provisoire de la république. Ce serait plutôt le Vice Président du Senat qui est encore légalement sénateur de la république. Pour être clair il n’y aura pas de coup d’état et non plus de Président Provisoire. Ceux qui veulent le pouvoir iront aux élections avec le gouvernement constitutionnel. Et pour qu'il y ait des élections en 2014 la machine électorale devrai être mise en branle de façon irréversible d'ici le 15 Juin.

La chronologie suivante vous offre une idée des excuses utilisées par le Sénateur Desras et ses allies dans leurs tentatives de blocage de l’organisation des élections en Haïti. Il est tantôt contre le CEP permanent pour proposer un CTCEP d’exception pour ensuite proposer des modifications lors de l'Accord d'El Rancho et enfin réclamer un CEP provisoire qui n’existe plus puisque les transitions provisoires de la constitution notamment l’article 289 qui permettaient cette mise en place ne sont plus la depuis l’amendement de 2012. Les journalistes devraient les questionner sur la légalité et l’approche antidémocratique de leur stratégie puisque la documentation de la chronologie suivante vient d’eux.

·        8 Mai 2012: Echec de la tentative du Sénateur Simon Desras de prolonger le mandat des dix sénateurs élus pour deux ans. Ses collègues sénateurs ont rejeté sa proposition de prolongation la trouvant illégale et inconstitutionnelle. Pour plus de détails Klike la: http://www.haitilibre.com/article-5590-haiti-politique-pas-de-prolongation-des-mandats-des-senateurs-sortants.html
    17 Mai 2012: Publication de l'amendement de la constitution
    3 Juillet 2012: Installation par le President Martelly pour la premiere fois apres vingt cinq ans de constitution des membres du Conseil Superieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ). Pour plus de détails klike la: http://www.alterpresse.org/spip.php?article13053#.U2oq-7_a5PM
·        9 Juillet 2012: Le Président Martelly demande au Présidents des deux chambres de choisir les trois membres devant représenter le pouvoir Législatif au CEP. Pour les détails klike la: http://www.slideshare.net/Stanleylucas/lettre-cep-9-juillet-12
·        19 Juillet 2012: La formation du CEP pour organiser les prochaines élections n’est pas une priorité pour les sénateurs de la république. Pour plus de détails klike la: http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=21135&action=print
·        14 Aout 2012: Le Président du Senat Simon Desras s’oppose à la formation d’un CEP permanent et propose un CEP d’exception. Pour plus de détails klike la: http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=21236
·        7 Novembre 2012: Le sénateur Simon Desras et ses allies les sénateurs de l’opposition proposent la formation d’un CTCEP: http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=21565
·        26 Décembre 2012: Suite a la proposition de Simon Desras et de ses allies sénateurs, le Président de la république accepte leurs propositions a travers un accord signe entre l’Exécutif et le Législatif. Pour les détails klike la: http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=21725&action=print
·        28 Décembre 2012: Le Président du Senat Simon Desras demande l’application de l’Accord pour la formation du CTCEP: http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=21730
·        7 Mars 2013: La commission bicamérale chargée de designer les représentants du Législatif au CTCEP a tenu sa première séance de travail deux mois après les déclarations du Sénateur Desras. Pour plus de détails klike la: http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=21904
·        5 Avril 2013: Le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) désigne ses trois membres au CTCEP. Pour plus de détails klike la: http://www.slideshare.net/Stanleylucas/lettre-du-cspj-trois-3-membres-au-ctcep-1
·        19 Avril 2013: Installations des neuf membres du Conseil Électoral (CTCEP). Pour plus de détails klike la : http://radiokiskeya.com/spip.php?article9530
·        12 Juillet 2013: Le Sénateur Moise Jean Charles membre de Fanmi Lavalas comme le Sénateur Simon Desras donne deux réponses qui prouvent qu’il sont contre l’organisation des élections en Haïti. Sur la radio Scoop FM suite a une question lui demandant comment il allait gagner les élections, il a répondu qu’il travaillait pour obtenir le chaos. Sur radio Signal FM le 13 Juillet il affirme que le Président Aristide et le parti Fanmi Lavalas ne veulent pas des élections en Haïti. A. https://soundcloud.com/haiticherie/haiti-plan-senateur-moise-jean   B. https://soundcloud.com/haiticherie/moise-jean-charles-fanmi
·        Mars 2013: Près de huit mois après la lettre du Président Michel Martelly le Président du Senat Simon Desras fait de son mieux pour ralentir la formation du CEP. Pour plus de détails klike la: http://www.haitilibre.com/article-8125-haiti-ctcep-les-3-representants-designes-du-parlement-toujours-pas-confirmes.html
·        15 Mars 2013: Le parlement désigne ses trois membres pour le CTCEP. Pour plus de détails klike la: http://www.slideshare.net/Stanleylucas/lettre-du-corps-legislatif-3-representants-au-ctcep-25780578
·        14 Mars 2014: Signature de l’Accord d’El Rancho. Le sénateur Simon Desras au cours des négociations a exige que chaque pouvoir ait la possibilité de garder l’ensemble des membres du CEP ou de changer au maximum un membre s’il le désire. Cette clause a été introduite a l’article 7 de l’accord signe par l’Exécutif, le Parlement et cinquante partis politiques. Pour plus de détails klike la: http://www.slideshare.net/Stanleylucas/accord-del-rancho-original
·        1 Avril 2014: L’Exécutif remplit l’ensemble de ses obligations dans l’Accord d’El Rancho notamment : a. la publication des dix membres de la Cour Supérieure des Comptes b. la publication de la loi électorale c. la publication de la loi sur les partis politiques d. la publication des résolutions non contraignantes du Senat dans le journal officiel le Moniteur e. La nomination du cabinet d’ouverture.
·        2 Avril 2014: Les députés votent l’amendement de la loi électoral comme convenu dans l’Accord d’El Rancho. Pour plus de détails klike la : http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_poli_fr.php?id=23904
·        8 Avril 2014 : Six sénateurs bloquent le vote de la loi électorale devant permettre l’organisation des élections
·        21 Avril 2014 : Le Président Martelly presse les sénateurs a voter la loi électorale. Pour plus de détails klike la : http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=24037
·        27 Avril 2014: Le Président du Senat Simon Desras qui avait propose le CEP d’exception ou CTCEP change encore sa position. Pour bloquer et retarder le processus le électoral il propose cette fois la formation d’un Conseil Electoral Provisoire (CEP) selon l’article 289 de la constitution qui n’existe plus. L’amendement de 2012 a mis en veilleuse toutes les dispositions transitoires de la constitution de 1987. Pour plus de détails klike la: http://radiokiskeya.com/spip.php?article10083
   
     Conclusion
     Trois catégories d'acteurs politiques ne veulent pas d'élections en Haiti
      1. A analyser les résultats des neuf élections de 1995 a 2010 ces leaders ou partis politiques opposes a l'organisation des élections en 2014 n'ont jamais reçus plus que 1% dans le passe. On retrouve quelques uns dans le MOPOD. Par exemple la dernière fois que le PNDPH de Turneb Delpe a gagne un poste de sénateur c'était en 1990. Depuis lors ce regroupement politique, le PNDPH,  n'a jamais fait plus que 1% aux élections. C'est la même chose pour le parti PLB qui a obtenu un poste de senteur avec Renaud Bernadin en 1995. Depuis lors le parti n'a jamais réalisé plus que 1% aux élections. Les partis BOURAD et PLAH qui font partie du MOPOD n'ont jamais fait non plus un score supérieur a 1% aux élections. C'est ca le MOPOD
     2. Les partis Fanmi Lavalas, Lespwa devenu INITE sont toujours opposes a l'organisation d'élections en Haiti s'ils n'ont pas le contrôle du CEP et de la machine électoral pour changer les résultats des élections. Ils ont vole les élections de 1995 avec le President du CEP Anselme Remy qui était a leur service. Ils ont tente de voler les élections du 6 Avril 1997 en essayant de changer les résultats des élections avec les membres du CEP qu'ils avaient sous leur contrôle. Le Premier Ministre Rosny Smarth avait bloque les résultats fabriques et refuser de les publier. Il a du démissionner et c'est ce qui a entraine la crise de 1999 et la dissolution du parlement par Rene Preval le 11 Janvier 1999. Plus tard en 2000, ils ont menace de mort le President du CEP Leon Manus responsable de l'organisation des élections du 21 Mai pour le forcer a publier les résultats fabriques par le Palais National. Manus a préféré prendre l'exil au lieu de publier les résultats fabriques par Jean Bertrand Aristide. Leon Manus est un héros de la démocratie. Voici la lettre qu'il a publie sur ces menaces: http://www.windowsonhaiti.com/bbs/messages/583.html En 2009 l'INITE volera les differents postes aux élections sénatoriales et fera de on mieux pour voler les élections du 28 Novembre 2010. Mais le peuple s'est soulevé contre le coup d'état électoral de l'INITE et de Preval. Lavalas et l'INITE n'iront jamais aux élections s'ils n'ont pas le contrôle de la machine électorale. Ils comptent sur leurs allies a Washington pour prendre le contrôle de la machine électorale.
     3. Les sénateurs et députés qui n'ont pas répondu aux attentes de leurs mandants durant leur mandat ont peur d'aller aux élections. Nombreux sont les sénateurs et députés qui n'ont rien réglé pour les populations de leur circonscription et département. Ils savent qu'ils n'ont aucune chance de gagner des élections. Ils s'appuient sur deux tactiques, le contrôle de la machine électorale et essaient de créer une crise politique pour prolonger leur mandat.

      Face a cette réalité des décisions doivent être prises pour mettre en branle le processus électoral d'ici le mois de Juin sinon nous rentrons dans une période d'instabilité politique qui durera au moins vingt ans.

Debat sur l'état de la presse Haïtienne: Echanges entre les journalistes Daly Valet, Herold Jean Francois et Cyrus Sibert


La Presse Haïtienne malade ! par Daly Valet

Je n'aime plus la pratique du journalisme radio en Haïti. Je ne me sens plus à l'aise dans ce métier. Les choses sont allées trop bas et trop vite. C'est devenu un marché de vulgaires. Certes, il y a de rares exceptions...mais...hélas...crève-coeur !

La presse, ce soi-disant 4e pouvoir, dénonce systématiquement les dérives des 3 pouvoirs de l'Etat, sans dénoncer ni corriger ses propres dérives. Tout le monde a peur de critiquer la presse. Les journalistes eux-memes se tolèrent sans oser s'évaluer. Le courage leur manque pour stigmatiser les récentes dérives dans la pratique du métier. J'ai fini par comprendre que nous autres journalistes sommes d'invétérés intolérants face à nos critiques. Pourtant, nous fustigeons sans répit l'intolérance des autres.

La radiodiffusion en Haiti est le lieu où se lit de manière plus nette toute la déchéance de notre société. C'est le triomphe de la loi du nivellement par le bas et le trivial. La course vers le caniveau. On s'y plaît et s'y complait. Chacun essaie de faire plus bas dans le bas.

Jusqu'où, dans notre société, trop bas est trop bas ? Je n'en sais rien. Je sais au moins que ce n'est pas demain la veille que nous aurons une nouvelle presse de professionnels.

La presse écrite elle-même est en voie d'extinction lente. Le pays ne lit plus. Et nous écrivons de plus en plus mal le français. Les meilleurs cadres et les belles plumes de ce métier l'ont déserté en masse.

Les chaines de télévision
poussent comme des champignons.
Cependant, il n'existe pas de presse télévisée. Tout est embryonnaire, rachitique et caricatural. Les bonnes volontés sont pourtant là.

Nous ne saurions créer une Nouvelle Haiti sans inventer une nouvelle presse.

Un aggiornamento s'impose.

DV

Billet de Hérold Jean-François à Daly Valet

Faut-il croire que, dégoûté de nous, tu laisses la presse sur la pointe des pieds? Doit-on comprendre qu'avec cette sortie, quand on réfère à toi désormais, on doit dire Daly Valet, ex-journaliste?

Mais Daly, te rends-tu compte qu'après toutes les batailles menées par les démocrates, celui à qui l'on a confié les rennes du pouvoir n'est autre que Michel Martelly? As-tu oublié que, depuis le coup d'État du 30 septembre 1991, on est sorti de Dessalines et de la belle tradition d'autodétermination et de la fierté souverainiste? Depuis l'arrivée de la MINUSHA en 1992, ne vois-tu pas que, même pour lever une pelle et ramasser nos ordures, il nous faut une main étrangère?

La République des ONG, Daly, elle ne date pas du 12 janvier 2010. Rappelle-toi le titre d'un livre de Sauveur Pierre Étienne, L'Invasion des ONG (Le Natal, octobre 1997)! Et puis Daly, quand tu vas d'un point à l'autre du pays, l'état délabré de nos villes figées dans le temps si ce n'était la verrue des bidonvilles qui les encercle, cela ne traduit rien moins que l'échec de la nation? Alors mon ami, la gangrène de la corruption comme elle s'installe dans la 49e législature, à la Chambre des députés en particulier, ce qui rend le Parlement inopérant avant sa caducité prochaine par l'attitude même des sénateurs, n'est-ce pas là un objet de dégoût?

L'État affairiste qui nous tient lieu de pays aujourd'hui où les opérateurs politiques sont autant de dealers qui liquident, contre commissions, les ressources et biens de la nation; les scandales autour du pouvoir qui nous envoient la perception que nous sommes mal pris dans un vaste réseau d'association de malfaiteurs mettant à mal l'image de la principale institution nationale, la Présidence. La situation de dépendance de la justice malgré la création du CSPJ à cause d'une carence de personnalités de caractère, sans préjudice à ceux et celles qui en ont encore au sein de ladite entité; un substitut du commissaire du gouvernement incapable de dire non et qui se prête à une forfaiture et qui démissionne après coût plutôt qu'avant, n'avons-nous pas là, mon ami, des indices clairs de la décomposition de notre société qui nous donne de bonnes raisons d'avoir la nausée?

Tu n'es pas dégoûté par la société du crime qu'est devenu notre pays où des gens, parmi les plus en vue, disparaissent du jour au lendemain sans laisser de trace comme s'ils étaient une fiction et puis, affaire classée?

Nous aurions pu, Daly, écrire un livre à plusieurs tomes pour illustrer la difficulté de porter avec fierté la nationalité haïtienne en déroute pendant toute cette transition démocratique. Mais va-t-on lire, après le dégoût de la presse, ton dégoût d'Haïti et d'être Haïtien?

Mon cher Daly, quelque justifiée et préoccupante que puisse être la situation d'une certaine presse en Haïti, car  chacun des intervenants de la presse, pris séparément, n'est pas toute la presse dans un sens comme dans l'autre. Nous croyons fermement que ce qui reste encore de notre pays l'est, grâce à la contribution de la presse. Loin de nous la prétention d'écarter le mérite de femmes et d'hommes politiques, de parlementaires conséquents, de militants et d'activistes increvables, de défenseurs de droits de la personne courageux et téméraires, de leaders de la société civile tenaces, de braves citoyennes et citoyens d'organisations de femmes, d'associations de tous types.

 Mais Daly, le travail de la presse et des médias, malgré des limitations, déviations et autres attitudes faisant de la plateforme des médias un lieu de marchandage, de défense d'intérêt mesquin en rupture avec la déontologie, en dépit de la transformation des médias en lieu de positionnement, de deal voire de chantage, malgré des postures honteuses de confrères réclamant des per diem pour des formations, des "roulements", des cartes de téléphone à des parlementaires, malgré toutes les attitudes dégueulasses de certains de nos confrères, il y a en Haïti, globalement, une presse responsable dont l'absence aurait déjà conduit au déraillement du processus démocratique.

 La veille de cette presse pour monter au créneau et signaler les déviances, le courage de certains analystes, éditorialistes dont toi-même, la fougue de jeunes confrères qui couvrent l'actualité au quotidien pour informer la nation ne peut pas être jetée à la poubelle ou dans un fourre-tout comme le Conatel a tenté de le faire. En parlant du Conatel Daly, cela ne t'interpelle pas, les réflexes et l'état d'esprit autoritaire dans lequel a été adopté le décret du 12 octobre 1977 et qui prévaut aujourd'hui encore, après toutes les résistances depuis le 29 mars 1987 pour asseoir des acquis démocratiques dans un État de droit en gestation? En 2014, peut-on prétendre se constituer en une juridiction d'exception pour tenter d'intimider la presse, en marge de la Constitution et des lois de la République?

La presse, la corporation, les médias doivent être ouverts à la critique pour corriger les anomalies et certaines pratiques qui avilissent la profession. Cependant Daly, tout comme malgré tous les maux qui accablent notre pays, nous continuons avec stoïcisme d'assumer notre nationalité et allons au-devant de notre pays quand c'est nécessaire de le défendre contre les gifles de nos voisins, l'arrogance des proconsuls et autres envoyés spéciaux, tout comme mon ami, la presse, pour son utilité et les immenses services qu'elle rend à la nation dans une réalité d'institutions défaillantes et en plein dysfonctionnement, nous ne saurons, à la satisfaction de prédateurs et contempteurs qui applaudissent, jeter le bébé avec l'eau du bain. Nous ne devons pas alimenter en eau  le moulin des ennemis de la presse et de la liberté d'expression.

Il s'agit de se situer pour faire la part des choses, sans œillères, mais aussi sans autoflagellation. En tout cas, si ton expression de trop plein est une sorte de chronique d'un départ annoncé de la presse, ce serait dommage, ta plume va nous manquer.

Souviens-toi avant, pour réformer, restructurer, changer, bousculer, améliorer, il faut des combattants. Ce n'est ni la Minustha, ni les ambassades, ni l'Unesco, ni aucune instance étrangère qui remplacera le travail de notre presse. Tout comme c'est aux Haïtiennes et aux Haïtiens de se colleter aux défis avec persévérance et détermination pour changer Haïti. Malgré que toutes les conditions soient réunies pour nous décourager, l'heure n'est pas à la déprime. Nous savons que les ressorts pour rebondir sont bien là. Fraternellement.

De quelle Haïti parle Hérold Jean-François dans lettre à Daly Valet ? (Texte de Cyrus Sibert)

Le Journaliste Daly Valet
Faut-il croire que, dégoûté de nous, tu laisses la presse sur la pointe des pieds? Doit-on comprendre qu'avec cette sortie, quand on réfère à toi désormais, on doit dire Daly Valet, ex-journaliste?

Mais Daly, te rends-tu compte qu'après toutes les batailles menées par les démocrates, celui à qui l'on a confié les rennes du pouvoir n'est autre que Michel Martelly?
[CYRUS SIBERT :
Les batailles menées par les démocrates, ne voulaient-elles pas implanter la démocratie basée sur le suffrage universel en Haïti ?  De quel droit un intellectuel démocrate, si savant soit-il, peut-il contester le choix du peuple consacré par des joutes électorales suivant l'esprit procédural de la démocratie ? La classe moyenne d'Haïti avait fait le même raisonnement en 1991. Elle trouvait le Petit Prêtre des bidonvilles Jean-Bertrand Aristide trop peu pour diriger le pays ; ils ont ignoré le choix du peuple ; conséquences : Coup d'Etat, embargo, invasion, occupation et Tutelle internationale.]
As-tu oublié que, depuis le coup d'État du 30 septembre 1991, on est sorti de Dessalines et de la belle tradition d'autodétermination et de la fierté souverainiste? Depuis l'arrivée de la MINUSHA en 1992, ne vois-tu pas que, même pour lever une pelle et ramasser nos ordures, il nous faut une main étrangère?
[CYRUS SIBERT :
Cette situation ne date pas d'hier. Elle est le résultat de cette prétention de citoyens qui se croient au-dessus des principes démocratiques. Ces gens n'ont rien appris. Ils veulent déstabiliser le pouvoir en place qu'ils n'ont jamais accepté. La vérité, la participation de l'Etat haïtien dans le Budget national a augmenté avec l'arrivée de l'équipe Martelly/Lamothe. Haïti n'organise plus de réunions de bailleurs à Washington (USA) ou à Punta Cana (République Dominicaine) pour quémander l'aide humanitaire. Les officiels de ce pouvoir font appel à des investissements étrangers.  Il n'y a plus de soldat de l'ONU dans le Nord-Ouest et d'autres régions du pays. Un contingent de soldats haïtiens formés en Equateur est actuellement opérationnel sous le sol national. Le pouvoir en place négocie un plan de désoccupation du territoire national.]
La République des ONG, Daly, elle ne date pas du 12 janvier 2010. Rappelle-toi le titre d'un livre de Sauveur Pierre Étienne, L'Invasion des ONG (Le Natal, octobre 1997)! Et puis Daly, quand tu vas d'un point à l'autre du pays, l'état délabré de nos villes figées dans le temps si ce n'était la verrue des bidonvilles qui les encercle, cela ne traduit rien moins que l'échec de la nation?
[CYRUS SIBERT :
Depuis l'arrivée du Pouvoir Martelly/Lamothe, les villes sont de plus en plus propres. Au Cap-Haitien, les visiteurs constatent une ville plus propre qu'il y a 4 ans. La stratégie du pouvoir en place de faire du SMCRS un organisme stratégique avec plus de moyens, plus de ressources , la décision d'interdire l'importation de certains produits plastiques améliore considérablement l'image des villes de provinces. Le tourisme reprend ses droits. Des tours opérateurs organisent des visites guidées en Haïti. La semaine écoulée, j'ai vu au Cap-Haitien, des italiens, des allemands, des canadiens et un anglais d'origine haïtienne (adopté par un couple anglais) qui n'avait jamais connu sa terre natale. Ils étaient guidés par le « Tour operateur Lumière » qui travaille en partenariat avec une compagnie Européenne.]
Alors mon ami, la gangrène de la corruption comme elle s'installe dans la 49e législature, à la Chambre des députés en particulier, ce qui rend le Parlement inopérant avant sa caducité prochaine par l'attitude même des sénateurs, n'est-ce pas là un objet de dégoût?
[CYRUS SIBERT :
La corruption au parlement haïtien ne date pas d'hier. Depuis toujours, il y a les fameuses résolutions monnayées. Comme exemple, citons celles sur la SOCABANK, sur les importateurs de riz au Cap-Haitien,… En 1995, des députés de l'OPL étaient impliqués dans une affaire de vente de moteurs de voitures, un autre a été arrêté en Suisse transportant de la drogue dans ses valises. Comme aujourd'hui, ils n'étaient pas tous corrompus, mais la corruption existait. Plus prêt de nous, la 48e législature avec le Groupe CPP votait sans débattre des lois, sur simple ordre du Palais national. Le renvoi spectaculaire de Madame Duvivier Pierre-Louis et le vote des lois formant le CIRH sont des exemples forts. De plus, en 2011, n'est ce pas la société civile haïtienne et la classe politique qui exhortaient le Président Martelly de trouver une entente avec le parlement pour pouvoir gouverner. Le nouveau Président n'avait pas bénéficié du support de la société haïtienne face au refus des parlementaires de valider la nomination d'un Premier Ministre désigné Daniel Rouzier, jugé trop honnête et sérieux.  On rendait le Président Martelly responsable du blocage, on critiquait son incapacité à négocier avec le parlement. Alors, les faits sont là.  Si le pouvoir en place a suivi les conseils de la Société haïtienne jusqu'à constituer un bloc au parlement, qu'on ne vienne pas nous parler de corruption. Car, il était clair pour tout le monde, même le citoyen le plus simple, que les parlementaires faisaient chanter la Présidence dans le sens de leurs intérêts personnels, au détriment du général.]
 
L'État affairiste qui nous tient lieu de pays aujourd'hui où les opérateurs politiques sont autant de dealers qui liquident, contre commissions, les ressources et biens de la nation; les scandales autour du pouvoir qui nous envoient la perception que nous sommes mal pris dans un vaste réseau d'association de malfaiteurs mettant à mal l'image de la principale institution nationale, la Présidence.
[CYRUS SIBERT :
Pure spéculations !  La Présidence de Michel Martelly s'est toujours montré radical envers toute personne accusée, à raison, de violation de la loi. Le chauffeur du Chef de l'Etat est en prison pour une affaire de fausses cartes d'accès, le journaliste Moloscot (un partisan) est en cavale ; Calixte Valentin, le Conseiller Spécial du Chef de l'Etat a été emprisonné sur simple accusation. On se plaigne de sa libération, mais c'est une décision de justice.  Sonson la Familia est en cavale. Un jeune membre du cabinet de la Première Dame a été renvoyé parce qu'il est rapporté dans la presse comme un jeune ayant eu des démêlés avec la justice américaine. C'est encourageant dans un pays traditionnellement dictatorial où le Palais national est toujours au-dessus de la loi. Nous sommes loin d'un Président comme René Préval qui imposait des chefs de gangs comme membres de la Commission de Désarmement, au mépris des protestations des organisations des Droits humains. On peut dire même que c'est beaucoup si l'on considère que sur cette terre aucune Présidence ne se laisse pas traiter comme une personne morale dénuée de puissance publique.]
La situation de dépendance de la justice malgré la création du CSPJ à cause d'une carence de personnalités de caractère, sans préjudice à ceux et celles qui en ont encore au sein de ladite entité; un substitut du commissaire du gouvernement incapable de dire non et qui se prête à une forfaiture et qui démissionne après coût plutôt qu'avant, n'avons-nous pas là, mon ami, des indices clairs de la décomposition de notre société qui nous donne de bonnes raisons d'avoir la nausée?
[CYRUS SIBERT : C'est une erreur que cette décision du Président Martelly, d'instituer le CSPJ, a été adoptée avant un rapport de Vetting sur tous les juges du système. L'Exécutif est souvent victime des agissements de magistrats souvent motivés par l'argent que par le droit. Je pense comme Hérold Jean-François qu'il y a trop de juges corrompus dans le système. Le comportement de ce commissaire de gouvernement n'est pas nouveau. D'habitude, ils ne reculent pas devant l'argent. Et, c'est normal que ce dernier démissionne après avoir posé l'acte contesté. Ils sont nombreux les commissaires de gouvernement haïtiens qui ne reculent pas devant l'argent. Et si l'offre est importante, ils préfèrent commettre le forfait et démissionner après. Dans le dossier Sonson lafamilia, il s'agit de gens pourvus en argent. On ne peut pas attribuer cette décision à l'Exécutif. Enfin, le fait d'exiger la démission de ce magistrat est une preuve que le pouvoir exécutif fait des efforts. Car, sous les gouvernements Lavalas, lors du règne de la gauche haïtienne, on aurait eu un résultat différent. Il ne faut pas oublier que dans le temps, les policiers et commissaires corrompus étaient mutés au Palais National avec promotion.]

Tu n'es pas dégoûté par la société du crime qu'est devenu notre pays où des gens, parmi les plus en vue, disparaissent du jour au lendemain sans laisser de trace comme s'ils étaient une fiction et puis, affaire classée?
[CYRUS SIBERT :
Le journaliste semble être déconnecté de la réalité (factuelle)! Car, depuis l'arrivée du Président Martelly au pouvoir, on observe une lutte systématique contre le crime organisé. Les kidnappings ont diminué considérablement. La cellule anti-enlèvement de la PNH est renforcée et devient plus dynamique. Presque tous les crimes spectaculaires sont objet d'enquête. Hérold Jean-François semble se référer au cas du Sénateur Toussaint assassiné dans les années 90. Même l'enquête sur  l'assassinat du journaliste Jean Dominique le 3 avril 2001, a pu progresser grâce à l'administration du Président Martelly. Certes, le crime organisé reste un problème majeur, comme partout dans le monde. Mais, on ne peut pas dire que cela a empiré sous le gouvernement du Président Martelly. Le gang de Brandt existait et opérait dans le pays depuis longtemps. Il a fallu une administration comme celui du Président Martelly pour permettre à la police de l'arrêter. Les detracteurs diront que cela est du grâce à un contact au Département d'Etat Américain. Alors la question, ce Département d'Etat n'existait-il pas avant l'arrivée du Président Martelly ? Il faut donner à César ce qui est à César ! ]
Nous aurions pu, Daly, écrire un livre à plusieurs tomes pour illustrer la difficulté de porter avec fierté la nationalité haïtienne en déroute pendant toute cette transition démocratique. Mais va-t-on lire, après le dégoût de la presse, ton dégoût d'Haïti et d'être Haïtien?

Mon cher Daly, quelque justifiée et préoccupante que puisse être la situation d'une certaine presse en Haïti, car chacun des intervenants de la presse, pris séparément, n'est pas toute la presse dans un sens comme dans l'autre. Nous croyons fermement que ce qui reste encore de notre pays l'est, grâce à la contribution de la presse. Loin de nous la prétention d'écarter le mérite de femmes et d'hommes politiques, de parlementaires conséquents, de militants et d'activistes increvables, de défenseurs de droits de la personne courageux et téméraires, de leaders de la société civile tenaces, de braves citoyennes et citoyens d'organisations de femmes, d'associations de tous types.

Mais Daly, le travail de la presse et des médias, malgré des limitations, déviations et autres attitudes faisant de la plateforme des médias un lieu de marchandage, de défense d'intérêt mesquin en rupture avec la déontologie, en dépit de la transformation des médias en lieu de positionnement, de deal voire de chantage, malgré des postures honteuses de confrères réclamant des per diem pour des formations, des "roulements", des cartes de téléphone à des parlementaires, malgré toutes les attitudes dégueulasses de certains de nos confrères, il y a en Haïti, globalement, une presse responsable dont l'absence aurait déjà conduit au déraillement du processus démocratique.
[CYRUS SIBERT : C'est illogique de dénoncer tous ces problèmes déontologiques et de dire dans le même paragraphe « il y a en Haïti, globalement, une presse responsable dont l'absence aurait déjà conduit au déraillement du processus démocratique».  Une presse peut-elle être responsable et sérieuse avec tous ces défauts : [« lieu de marchandage, de défense d'intérêt mesquin en rupture avec la déontologie, en dépit de la transformation des médias en lieu de positionnement, de deal voire de chantage, malgré des postures honteuses de confrères réclamant des per diem pour des formations, des "roulements", des cartes de téléphone à des parlementaires, malgré toutes les attitudes dégueulasses de certains de nos confrères » ?]
Vu l'ampleur de ces dérives, c'est orgueilleux de vouloir parler de presse responsable après avoir cité tous ces problèmes. Sur ce point, la position de Daly Valet est louable. La presse haïtienne doit accepter de se réformer. D'ailleurs plusieurs recherches, réalisées par des universités étrangères ont démontré que la presse haïtienne a un problème de représentation.
Lisez : La représentation médiatique d'Haïti est problématique, selon un chercheur de l'UConnhttp://reseaucitadelle.blogspot.com/2013/01/la-representation-mediatique-dhaiti-est_5652.html ]

La veille de cette presse pour monter au créneau et signaler les déviances, le courage de certains analystes, éditorialistes dont toi-même, la fougue de jeunes confrères qui couvrent l'actualité au quotidien pour informer la nation ne peut pas être jetée à la poubelle ou dans un fourre-tout comme le Conatel a tenté de le faire. En parlant du Conatel Daly, cela ne t'interpelle pas, les réflexes et l'état d'esprit autoritaire dans lequel a été adopté le décret du 12 octobre 1977 et qui prévaut aujourd'hui encore, après toutes les résistances depuis le 29 mars 1987 pour asseoir des acquis démocratiques dans un État de droit en gestation? En 2014, peut-on prétendre se constituer en une juridiction d'exception pour tenter d'intimider la presse, en marge de la Constitution et des lois de la République?
[CYRUS SIBERT :
La note de la CONATEL visait à dénoncer le comportement irresponsable de Radio Zénith FM qui, au mépris du droit des marchands du secteur informel, a diffusé les noms des personnes ayant reçu de l'argent sous forme de prêt accordé par l'ONA. Une presse professionnelle devait pouvoir respecter le droit de ces marchands et comprendre le danger auquel elle les expose, en publiant des noms sur les ondes. C'est un acte méchant qui visait à livrer ces marchands aux gangs criminels. On doit pouvoir comprendre cette réalité injuste et simple. Puisque les médias haïtiens n'auraient jamais cité les noms de gros commerçants dits du SECTEUR DES AFFAIRES, on doit accepter le principe pour tout le monde. Ce principe de confidentialité ne peut pas exister seulement en faveur de commanditaires.  Cette reflexe de lutte antidictatoriale rend la presse stupide et ridicule. Car, elle la pousse à violer les principes le plus élémentaires de la profession suivant une logique de solidarité et de lutte. Le comportement d'une presse responsable aurait été une demande d'explication au CONATEL par l'Association des Médias, suivie d'une note de désapprobation appelant Radio Zénith à se ressaisir. ] 

La presse, la corporation, les médias doivent être ouverts à la critique pour corriger les anomalies et certaines pratiques qui avilissent la profession. Cependant Daly, tout comme malgré tous les maux qui accablent notre pays, nous continuons avec stoïcisme d'assumer notre nationalité et allons au-devant de notre pays quand c'est nécessaire de le défendre contre les gifles de nos voisins, l'arrogance des proconsuls et autres envoyés spéciaux, tout comme mon ami, la presse, pour son utilité et les immenses services qu'elle rend à la nation dans une réalité d'institutions défaillantes et en plein dysfonctionnement, nous ne saurons, à la satisfaction de prédateurs et contempteurs qui applaudissent, jeter le bébé avec l'eau du bain. Nous ne devons pas alimenter en eau  le moulin des ennemis de la presse et de la liberté d'expression.
[CYRUS SIBERT : Une conception militante de la presse, conséquences des périodes dictatoriales de Duvalier et militaires, la presse haïtienne se croit missionnaire et non UN SERVICE. Incapable d'évoluer avec le projet démocratique, cette presse se croit encore forgeuse de nation et de démocratie. Elle se croit au-dessus du peuple. C'est une presse aristocratique dominée par des seniors qui paralysent toute tentative de réforme, toute association de journalistes. Finalement, en Haïti, les travailleurs de la presse sont sous la coupe de journalistes seniors devenus patrons de médias… Un problème de classe transverse la presse haïtienne. La dialectique Journalistes-Seniors-patrons/Jeunes-journalistes-Employés-exploités crée une réalité de deux groupes d'intérêts divergents qui empêche de poser les vrais problèmes de réforme de la profession, de salaire et d'amélioration des conditions de travail. Car, quand les employés des salles de nouvelle cherchent de meilleur salaire, des formations complémentaires, des séminaires et de meilleures conditions de travail, le Journaliste Senior, souvent proches de pouvoir ou d'opposition, est prêt à tout sacrifier pour la prise du pouvoir ou le renversement du gouvernement en place. Le tout se fait au nom de la liberté d'expression. Et, voyant les avantages de cet espace d'hypocrisie folle, des personnes en conflit avec la loi comme les criminels et les trafiquants de drogue font leur entrée par la grande porte en y injectant leur argent sale en échange de louange et de protection.]

Il s'agit de se situer pour faire la part des choses, sans œillères, mais aussi sans autoflagellation. En tout cas, si ton expression de trop plein est une sorte de chronique d'un départ annoncé de la presse, ce serait dommage, ta plume va nous manquer. 

Souviens-toi avant, pour réformer, restructurer, changer, bousculer, améliorer, il faut des combattants. Ce n'est ni la Minustha, ni les ambassades, ni l'Unesco, ni aucune instance étrangère qui remplacera le travail de notre presse. Tout comme c'est aux Haïtiennes et aux Haïtiens de se colleter aux défis avec persévérance et détermination pour changer Haïti. Malgré que toutes les conditions soient réunies pour nous décourager, l'heure n'est pas à la déprime. Nous savons que les ressorts pour rebondir sont bien là. Fraternellement.
[N.B. : Le journaliste Cyrus Sibert a une position connue, une ligne claire - depuis toujours. Il sait établir un distinguo élémentaire entre fait et opinion. Il n'est pas de ces hypocrites qui se cachent derrière le principe de la « neutralité » tout en mélangeant les faits à leurs opinions dans le but de supporter un secteur politique et de combattre un autre. Il est contre cette soumission aux idées reçues, contre cette prétention qui fait des journalistes de la capitale haïtienne des donneurs d'ordre et de leçon. Il est un ouvert aux échanges, mais est contre toute forme d'arrogance.  Il n'est pas un démagogue.]