La vente de l’engrais subventionné un commerce á fonds perdus pour le distributeur
Un opérateur distributeur d’engrais subventionné est un élément de la classe moyenne qui prend á sa charge la responsabilité de vendre l’engrais offert á bas prix par le gouvernement haïtien sur le marché local. Pour participer au programme l’opérateur doit avoir une carte d’identification, payer sa patente de commerçant, disposer d’un dépôt pour stocker l’engrais destiné au paysan et posséder un fond de commerce d’un minimum de 200.000 gdes ,conformément au minimum de 200 sacs requis par le MARNDR pour être un distributeur.. L’analyse du compte d’exploitation du petit distributeur qui va suivre démontre qu’il pratique un commerce suicidaire. Il finira par disparaître sur le marché et cessera d’être un partenaire viable du gouvernement si le MARNDR continue l’application du programme de subvention de l’engrais tel que conçu dans les deux dernières années. Cette étude est faite en ma qualité de citoyen, pour permettre aux décideurs de revoir á la hausse le taux de subvention et pour éviter au gouvernement de Mr Lamothe de payer trop cher á l’occasion des prochaines élections une politique qui ne rencontre ni les intérêts du distributeur ni ceux du petit producteur. Si la subvention existe, elle devrait être profitable á tous, aussi bien á l’importateur qu’aux producteurs et aux distributeurs. Aujourd’hui il n’y a que l’importateur qui profite d’une subvention dont le contrôle économique et technique échappe au gouvernement.
Vue la décapitalisation avancée du paysan avec
la sécheresse de 2012 et vues les pertes infligées par le passage des cyclones Isaac et Sandy, le gouvernement n’a d’autre choix que d’augmenter la fourchette de la subvention en l’élevant á 1.100 gourdes
pour être en mesure de livrer sur le marché le sac au prix de 500
gourdes.
Cette
proposition soulèvera á coup sur la colère
du gouvernement qui étant á court
d’argent se débat comme un diable dans un bénitier pour financer le symbolisme de ses programmes
sociaux. La colère est en train de gronder dans le milieu rural. Le petit
producteur ne peut pas trouver neuf cent gourdes pour payer un sac
d’engrais dont l’utilisation ne garantit
aucunement une récolte économique. Rira
bien qui rira le dernier.
Prix de revient du sac
d’engrais
Au cours d’une année agricole qui comporte deux
grandes saisons , le petit distributeur
ne peut vendre en détail que 400
sacs d’engrais s’il arrive á rentrer
l’argent dépensé pour acheter le premier lot de 200 sacs de la première saison.
S’il est natif de la zone, il achète le
premier lot de deux cent sac d’engrais et le donne á crédit au petit producteur qui lui promet de lui payer en nature, riz ou
pois á la récolte. Si c’est un franc commerçant,
il vendra son engrais par sac ,par marmite ou par gobelet qui lui permet de réaliser 350 gdes de profit en vendant le contenu de
12 marmites et demi du sac á 100 gourdes la marmite.
Pour être habilité á vendre l’engrais
subventionné, le petit distributeur devra supporter les charges économiques
suivantes sans aucun espoir de remboursement.
Paiement patente de 20.000 gdes répercuté sur la vente de
deux sacs /an: 50.00 gdes
Location saisonnière du dépôt
d’engrais 10 gdes par sac: 20.00 gdes
Achat de dix palettes pour l’entreposage
150 gdes X 10
palettes: 3.75 gdes
Transport
a Pont Sonde 25 gdes par sac: 50.00 gdes
Manutention embarquement/débarquement 10 gdes
par sac: 20.00
gdes
Manutention á la vente
cinq gourdes: 10.00
gdes
Frais totaux par sac: 153,75 gdes
Achat du sac au dépôt de l’importateur: 750.00 gdes
Prix de revient du sac : 903,75 gdes
Intérêt bancaire 22% payable après 9 moi: 149.00 gdes
Au moins deux voyages a Port-au-Prince 10
jours, soit par sac: 5.00 gdes
Nouveau
prix de revient: 1057,75 gdes
Prix de vente du sac fixe par le MARNDR: 900.00 gdes
Perte minimale par
sac du distributeur 57,75
gdes
En plus de cette perte ,cette distribution
ne lui donne ni á manger, ni de quoi pour payer les frais d’école et de santé de sa famille pour les plus fondamentaux.
NB Dans
le sud. les Nippes et dans la grand Anse, le transport d’un sac d’engrais coute cinquante gourdes
En réalité l’opérateur perd beaucoup plus
d’argent qu’il ne pense car de temps á
autre il doit payer quelques rançons aux chimères en échange de
sécurité locale offerte. Il ne doit même
pas penser á revendre l’engrais en gros .
Si oui , il sera écorché avant la fin de
la saison agricole. De plus il devra faire journellement des ponctions sur le
capital pour entretenir sa famille. Les frais de dépenses malgré
réduits á un minimum rendent son business déficitaire pour continuer le
programme. En conclusion le MARNDR devra revoir á la hausse la
subvention pour garder le petit opérateur sur le marché. Sinon l’opérateur
achètera l’engrais, le stockera quelque part pour créer la rareté ,
pour faire monter les prix et pour sauver son capital.
Enfin il faut rappeler que pour acheter un
stock d’engrais de l’ordre de huit cent á deux mille sacs chez un importateur, il faut déposer
son argent á l’avance chez cet importateur
qui ne prête de la banque qu’une partie de la subvention accordée par l’état. Dans
ces cas coutumiers le distributeur subventionne aussi á son tour l’importateur.
Quid du petit
producteur ?
Sil faut reconnaître que 700 gdes sur 1600 gdes
représentent 43,75% de subvention du prix du sac absorbé par le gouvernement ,
il ne faudrait pas ignorer que pour un cultivateur de trouver neuf cent gourdes pour acheter un sac
d’engrais et l’appliquer sur une superficie allant d’un huitième á un sixième d’hectare est un véritable mât suifé
. Apres avoir perdu sa récolte de l’année
2012, il est dans l’impossibilité
économique de payer ce prix. Mais comme planter sans appliquer l’engrais
sur un sol pauvre ne lui garantit aucun retour sur son travail, il n’hésite pas á vendre le dernier bœuf ou cabri qu’il avait
pour ne pas perdre la présente saison
pluvieuse .Sil avait déjà vendu son dernier bétail, au cours de la saison
perdue, il regarde impuissant la fin de la saison des pluies qui lui fait
voir un demain très noir pour sa famille..
Vous qui lisez
cet article et qui Imaginez la forte violence que je fais á moi-même
en acceptant de promouvoir une
politique de subvention d’engrais qui ne répond aucunement aux besoins du distributeur et du producteur !Realisez
vous avec quelle déconvenue je reçois un
planteur ou un distributeur qui me reproche ma cruauté professionnelle en acceptant de
vendre le mensonge pour la vérité. Le contenu de mes spot est aussi une amertume que je suis contraint de boire, parce que ne le faisant pas, le MARNDR trouvera un
autre publiciste avide de fric pour
faire plus de tort aux acteurs comme cette publicité du secteur commercial sur Ti malice ou celle de « Fey vet » qui veut faire croire que consommer local, planter pied bois, protéger
l’environnement est une question de
Jezifra ou de « pote bye bwa « dans
une ambiance de » Kleren « et de défoulement de la misère des masses
abandonnées..Oui, j’avale des couleuvres
quand je fais de la publicité agricole, parce que en agriculture toute
publicité est communication pour le développement..Quand on vise le
développement on fait appliquer des
politiques publiques décidées pour rentabiliser l’effort agricole du producteur. Ce n’est
plus le cas au MARNDR durant ces huit dernières années.
L’importateur ,le seul
gagnant
Le seul gagnant du programme de subvention
d’engrais du MARNDR est l’importateur qui fait entrer le sac d’engrais au
prix de 1200 gdes CIF et au compte goutte pour créer le faux
besoin de stock et obtenir de l’operateur la contrepartie monétaire pour
honorer sa grosse commande...Si un operateur place chez un importateur
une commande d’engrais de 800 sacs ou un conteneur, il devra
déposer á l’avance son argent á raison de 750 gourdes par sac. .
L’importateur négocie seulement avec la banque un prêt de 500
gourdes. Il revendra l’engrais á 750 gdes le sac. L’état lui
remettra la subvention de 700 00 gdes par sac. Le sac lui
revient a 1.450 gdes.Il fait 250 gdes par sac pour payer les frais de
banque et de manutention et tirer
ses bénéfices. L’importateur et le MARNDR participent de la création de la rareté : le premier en commandant au compte goute l’engrais tout
en s’assurant que c’est l’argent du distributeur qui constitue
la base financière de son
importation, le second en payant avec retard la subvention ,lequel retard crée un décalage dans le flux
des importations et fait monter les prix
sur le marché informel.
Alternative laissée á
l’opérateur distributeur
N’ayant d’autre choix que celui de perdre
son argent avec la présence d’inspecteurs de marché qui contrôlent le
respect du prix anti économique du sac
d’engrais décidé par le MARNDR et les importateurs, l’operateur distributeur achète l’engrais, le met en dépôt et crée une rareté artificielle qui fait
monter les prix .L’engrais est alors vendu á domicile á ceux qui sont disposés á payer le prix
fort.
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