Souvent dans la nuit, á force de penser au drame économique qui se joue sur le terrain politique haïtien je deviens rêveur en me laissant aller á des analyses les plus osées pour expliquer les comportements tantôt étranges tantôt justifiés des acteurs. Des fois je remonte le cours de l’actualité pour essayer de comprendre le rôle dévolu á un des acteurs, la presse, dans cette tragi comédie politique .D’autres fois je vais á la poésie et je deviens très triste comme Paul Verlaine pour vivre dans mon cœur le futur sombre du pays comme les feuilles mourantes de l’automne. Puis n’en pouvant plus, je soumets á l’appréciation des internautes ce poème de Paul Verlaine et á la méditation des acteurs politiques de l’intérieur ces vers tirés d’Andromaque de Racine
Chanson d'automne
Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon cœur
D'une langueur
Monotone.
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure,
Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà
Pareil à la
Feuille morte.
En metteur en scène improvisé et analyste politique averti, je fais jouer par Gary Conille le rôle d’Oreste dans Andromaque de Racine lorsqu’il dit « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes » et plus tard « Je me livre en aveugle au destin qui m’entraine »
Dans une réflexion non moins sereine je verrais un Michel Martelly dans le rôle de Pyrrhus qui ne peut pas payer le cout de sa victoire aux urnes. Je vous demande á tous haïtiens, haïtiennes mes frères et sœurs, d’y réfléchir
Je ne doute pas d’un seul instant de la volonté du Président Michel Martelly de sortir le pays du marasme politique et économique créé par vingt années de pouvoir anarcho-populiste qui a pesé de tout son poids sur l’héritage du pouvoir dictatorial des Duvalier . Je ne doute pas non plus de la volonté des hommes qui ont soutenu la campagne électorale de Mr Martelly du besoin urgent de toucher les dividendes sur les débours consentis et de leurs sentiments républicains ambitieux pour Haïti. Je ne prétends pas nier non plus les inquiétudes justifiées des artisans de la transition avortée de l’INITE qui se voient voler une pactole et perdre un pouvoir longuement rêvés après avoir construit frauduleusement un bouclier politique de protection légale . C’est dans ce sens qu’il faut comprendre le blocage de la constitution du nouveau gouvernement au niveau de la présidence et du législatif haïtien. Ne soyons pas le dindon de la farce que nous a cuisiné l’étranger pour s’en régaler á nos dépens.
Mais, l’énigme réelle que je n’arrive pas á déchiffrer est la position partisane affichée de la presse á travers les medias dominants dans leurs éditoriaux ou dans les commentaires des émissions á grande écoute . Dans le cas de radio Caraïbes, on doit assimiler la position de Jean Monard á une dérive momentanée du soutien inconditionnel au candidat de son cœur ayant perdu les élections malheureuses de 2011 dont il n’arrive pas á se remettre. Les moments chauds sitôt terminés, notre ami retrouvera bientôt la gestion habituelle de ses mega émissions en surveillant l’esprit partisan qui commence á transpirer de ses prestations. Pour les autres media en dehors de Signal FM qui s’était positionné face á Radio Caraibe pour les raisons similaires, le doute reste entier sur la motivation des journalistes talentueux qui peignent á retrouver la neutralité dont ils faisaient preuve dans le traitement de l’information.
Premièrement, je ne crois pas un seul instant que ces journalistes sont mus. par un intérêt financier quelconque. Ils ne l’ont pas été hier. Il n’y a aucune raison pour qu’ils le soient aujourd’hui. C’est ma conviction la plus intime.
Les directeurs d’opinion de ces medias dominants ont entretenu dès la campagne du candidat Martelly, un sentiment de boycottage sur chacune de ses initiatives .Le clou de cette partisannerie est enfoncé dans toute sa cruauté dans la chair du président dans le rejet des premiers ministres et dans le bilan sinistre des cent premiers jours de son pouvoir dont l’échec est aussi celui du parlement qui y est lié. Il ne saurait avoir de bilan présidentiel sans un bilan parlementaire. L’échec de l’un est aussi celui de l’autre. Le succès de l’un est aussi celui de l’autre.. On sent et on vit l’impartialité des journalistes dans leur animation écrite ou orale des articles qui ont royalement ignoré le bilan également désastreux du législatif.
Cette semaine j’ai noté en plus deux cas béants
Le premier est d’accepter que le sénateur Moise Jean Charles traite ,publiquement et á la face du monde, de maitre d’arme de menteur et de coquin, Mr Michel Martelly, qui a rang d’excellence en tant que président de la république et celui des dix millions haïtiens .Des journalistes avisés se devaient de ne pas accepter un traitement aussi odieux du président de la république par un membre á part entière du pouvoir législatif au bout de leurs micros. Ceci ne se fait dans aucun pays du monde, fut il autrefois une république bananière de l’Amérique centrale. D’ailleurs même au niveau du grand Corps, le groupe des 16 devrait rappeler á l’ordre le Sénateur Moise, qui aux Etats Unis serait accusé d’aller trop loin et le cas échéant forcé á donner sa démission ( cas mineur député Anthony Wiener) (un journaliste de MSNBC écarté de la station pour un accroc de langage) .Les journalistes ne l’ont pas entendu de cette oreille. Pourtant ils l’ont fait quand Mr Martelly avait commis le lapsus lapidaire d’évoquer l’idée regrettable de la dissolution du parlement. Ils ont défendu du bec et des ongles l’intégrité du parlement .
L’autre cas est la position confuse des journalistes des media dominants dans le choix et la ratification du premier ministre désigné Gary Conille. J’ai été vraiment attristé de suivre l’insistance de la journaliste vedette de radio vision 2000 dans son animation d’acculer le premier ministre désigné á confirmer l’animation politique et irrespectueuse du Sénateur Moise Jean Charles concernant la décision éventuelle de faire ses adieux á la désignation de ce poste suite á la présentation d’une lettre de démission anticipée á lui soumise par l’épouse du président et conseillers de ce dernier. Je pourrais encore citer les interviews réalisées dans les autres media dominants soit avec le premier ministre désigné, soit avec le sénateur Jean Charles. On y décèle la même volonté des journalistes de donner foi aux déclarations enflammées du sénateur revêtu de son costume d’activiste de béton, qui armé d’un couperet cherche a asséner au président des meurtrissures qui blessent jusqu’aux os. Les journalistes se sont fait naïvement avoir et pourraient être jugés de complices de la volonté politique du sénateur de salir le prestige du président de la république et de ses conseillers , fut ce pour le plaisir de créer un spectacle au gout amer pour le public ?
Le doute devrait être levé définitivement sur la naïveté des célébrités de notre presse á partir du traitement de l’article 157 vis avis de Mr Gary Conille et de leur repositionnement rapide au constat d’un changement du vent en faveur du premier ministre désigné. Le parlement nous a appris en rejetant le choix des deux premiers ministres que le vote de l’assemblée est toujours politique. Si le vote est politique et que c’est le vote du parlement qui s’impose á la nation, pourquoi insister sur la non éligibilité du premier ministre désigné par rapport aux prescrits de l’article 157 et á la non applicabilité des conventions de Genève ou des Nations Unies au cas d’espèce ?Ce traitement conjoncturel et biaisé de l’information concernant la ratification du choix du premier ministre désigné á l’aune d’une constitution sodomisée par l’étranger et par le combiné exécutif parlement d’INIITE , dégage un message au gout amer .Celui-ci s’apparente a un jeu subtile qui aurait pour unique objectif de retarder la formation du nouveau gouvernement et de précipiter inconsciemment le chaos politique tel que souhaité par le GPR.
Nos journalistes d’élite savent que le parlement et la présidence sont deux institutions de facto qui nous régissent par la volonté des Nations Unies de redistribuer les votes électoraux selon un agenda connu seulement d’elles. Pendant que nous nageons en pleine inconstitutionnalité nos journalistes font appel á mme Manigat , un mauvais perdant, redirait l’OEA, pour évoquer dans des arguments fallacieux la violation de la constitution dans la ratification pressentie du choix du Premier ministre désigné. En toute sincérité, je ne reconnais pas la presse héroïque qui a accompagné le peuple dans la débâcle post séisme et le comportement totalitaire du président Préval aux derniers jours de son pouvoir.
Lorsque la presse a soupçonné maintenant qu’ á la suite d’accords politiques internes et externes secrets la tendance au parlement est á la ratification du premier ministre, elle prend une nouvelle position de défense du premier ministre ,qu’une semaine plutôt elle présentait comme un candidat inéligible á ce poste. La presse devient l’avocat constitué d’office du premier ministre désigné pour le défendre contre une éventuelle manoeuvre politique du président qui aurait pour effet de le dissuader de renoncer á ce poste. La presse a relayé á grand renfort de publicité nationale et internationale les interviews du sénateur Moise Jean Charles qui ne jouissait auparavant aucun crédit dans la même presse. Cette démarche controversée et troublée de la presse ne contribue plus á la formation critique des opinions. Elle influence négativement l’opinion publique. Que tout le monde sache jusqu'à présent que la presse n’a fait aucune intention déclarée de faire opposition ouverte ni n’appuie un éventuel parti politique d’opposition existant ou en miniature au président de la république. Le comportement acide de la presse reste un élément d’inquiétude et de trouble fête pour les observateurs qui se demandent perplexes ou elle veut en venir ?
Ce n’est pas dans mon intention d’engager aucune polémique avec la presse parce qu’il est dans l’intérêt de tous qu’elle fasse son travail en toute liberté et en toute indépendance. Mais si d’aventure, on constate que par moment elle s’égare, on se demande pourquoi des invités de marque comme Maitre Menard, l’ambassadeur Lalane, l’ancien membre konakom du conseil électoral provisoire et autres figures importantes de l’élite politique haïtienne, ne font pas usage de leur renommée pour adresser élégamment ces accrocs aux journalistes noyés dans les eaux ténébreuses d’habiles politiciens. Agissons consciencieusement et sereinement ensemble pour éviter a Gary Conille le sort funeste d’Oreste et á Martelly de savourer pendant cinq ans la victoire couteuse de Pyrrhus . Nous en pâtirons tous.
michelwilliam1000@hotmail.com
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