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Monday, April 28, 2014

Debat sur l'état de la presse Haïtienne: Echanges entre les journalistes Daly Valet, Herold Jean Francois et Cyrus Sibert


La Presse Haïtienne malade ! par Daly Valet

Je n'aime plus la pratique du journalisme radio en Haïti. Je ne me sens plus à l'aise dans ce métier. Les choses sont allées trop bas et trop vite. C'est devenu un marché de vulgaires. Certes, il y a de rares exceptions...mais...hélas...crève-coeur !

La presse, ce soi-disant 4e pouvoir, dénonce systématiquement les dérives des 3 pouvoirs de l'Etat, sans dénoncer ni corriger ses propres dérives. Tout le monde a peur de critiquer la presse. Les journalistes eux-memes se tolèrent sans oser s'évaluer. Le courage leur manque pour stigmatiser les récentes dérives dans la pratique du métier. J'ai fini par comprendre que nous autres journalistes sommes d'invétérés intolérants face à nos critiques. Pourtant, nous fustigeons sans répit l'intolérance des autres.

La radiodiffusion en Haiti est le lieu où se lit de manière plus nette toute la déchéance de notre société. C'est le triomphe de la loi du nivellement par le bas et le trivial. La course vers le caniveau. On s'y plaît et s'y complait. Chacun essaie de faire plus bas dans le bas.

Jusqu'où, dans notre société, trop bas est trop bas ? Je n'en sais rien. Je sais au moins que ce n'est pas demain la veille que nous aurons une nouvelle presse de professionnels.

La presse écrite elle-même est en voie d'extinction lente. Le pays ne lit plus. Et nous écrivons de plus en plus mal le français. Les meilleurs cadres et les belles plumes de ce métier l'ont déserté en masse.

Les chaines de télévision
poussent comme des champignons.
Cependant, il n'existe pas de presse télévisée. Tout est embryonnaire, rachitique et caricatural. Les bonnes volontés sont pourtant là.

Nous ne saurions créer une Nouvelle Haiti sans inventer une nouvelle presse.

Un aggiornamento s'impose.

DV

Billet de Hérold Jean-François à Daly Valet

Faut-il croire que, dégoûté de nous, tu laisses la presse sur la pointe des pieds? Doit-on comprendre qu'avec cette sortie, quand on réfère à toi désormais, on doit dire Daly Valet, ex-journaliste?

Mais Daly, te rends-tu compte qu'après toutes les batailles menées par les démocrates, celui à qui l'on a confié les rennes du pouvoir n'est autre que Michel Martelly? As-tu oublié que, depuis le coup d'État du 30 septembre 1991, on est sorti de Dessalines et de la belle tradition d'autodétermination et de la fierté souverainiste? Depuis l'arrivée de la MINUSHA en 1992, ne vois-tu pas que, même pour lever une pelle et ramasser nos ordures, il nous faut une main étrangère?

La République des ONG, Daly, elle ne date pas du 12 janvier 2010. Rappelle-toi le titre d'un livre de Sauveur Pierre Étienne, L'Invasion des ONG (Le Natal, octobre 1997)! Et puis Daly, quand tu vas d'un point à l'autre du pays, l'état délabré de nos villes figées dans le temps si ce n'était la verrue des bidonvilles qui les encercle, cela ne traduit rien moins que l'échec de la nation? Alors mon ami, la gangrène de la corruption comme elle s'installe dans la 49e législature, à la Chambre des députés en particulier, ce qui rend le Parlement inopérant avant sa caducité prochaine par l'attitude même des sénateurs, n'est-ce pas là un objet de dégoût?

L'État affairiste qui nous tient lieu de pays aujourd'hui où les opérateurs politiques sont autant de dealers qui liquident, contre commissions, les ressources et biens de la nation; les scandales autour du pouvoir qui nous envoient la perception que nous sommes mal pris dans un vaste réseau d'association de malfaiteurs mettant à mal l'image de la principale institution nationale, la Présidence. La situation de dépendance de la justice malgré la création du CSPJ à cause d'une carence de personnalités de caractère, sans préjudice à ceux et celles qui en ont encore au sein de ladite entité; un substitut du commissaire du gouvernement incapable de dire non et qui se prête à une forfaiture et qui démissionne après coût plutôt qu'avant, n'avons-nous pas là, mon ami, des indices clairs de la décomposition de notre société qui nous donne de bonnes raisons d'avoir la nausée?

Tu n'es pas dégoûté par la société du crime qu'est devenu notre pays où des gens, parmi les plus en vue, disparaissent du jour au lendemain sans laisser de trace comme s'ils étaient une fiction et puis, affaire classée?

Nous aurions pu, Daly, écrire un livre à plusieurs tomes pour illustrer la difficulté de porter avec fierté la nationalité haïtienne en déroute pendant toute cette transition démocratique. Mais va-t-on lire, après le dégoût de la presse, ton dégoût d'Haïti et d'être Haïtien?

Mon cher Daly, quelque justifiée et préoccupante que puisse être la situation d'une certaine presse en Haïti, car  chacun des intervenants de la presse, pris séparément, n'est pas toute la presse dans un sens comme dans l'autre. Nous croyons fermement que ce qui reste encore de notre pays l'est, grâce à la contribution de la presse. Loin de nous la prétention d'écarter le mérite de femmes et d'hommes politiques, de parlementaires conséquents, de militants et d'activistes increvables, de défenseurs de droits de la personne courageux et téméraires, de leaders de la société civile tenaces, de braves citoyennes et citoyens d'organisations de femmes, d'associations de tous types.

 Mais Daly, le travail de la presse et des médias, malgré des limitations, déviations et autres attitudes faisant de la plateforme des médias un lieu de marchandage, de défense d'intérêt mesquin en rupture avec la déontologie, en dépit de la transformation des médias en lieu de positionnement, de deal voire de chantage, malgré des postures honteuses de confrères réclamant des per diem pour des formations, des "roulements", des cartes de téléphone à des parlementaires, malgré toutes les attitudes dégueulasses de certains de nos confrères, il y a en Haïti, globalement, une presse responsable dont l'absence aurait déjà conduit au déraillement du processus démocratique.

 La veille de cette presse pour monter au créneau et signaler les déviances, le courage de certains analystes, éditorialistes dont toi-même, la fougue de jeunes confrères qui couvrent l'actualité au quotidien pour informer la nation ne peut pas être jetée à la poubelle ou dans un fourre-tout comme le Conatel a tenté de le faire. En parlant du Conatel Daly, cela ne t'interpelle pas, les réflexes et l'état d'esprit autoritaire dans lequel a été adopté le décret du 12 octobre 1977 et qui prévaut aujourd'hui encore, après toutes les résistances depuis le 29 mars 1987 pour asseoir des acquis démocratiques dans un État de droit en gestation? En 2014, peut-on prétendre se constituer en une juridiction d'exception pour tenter d'intimider la presse, en marge de la Constitution et des lois de la République?

La presse, la corporation, les médias doivent être ouverts à la critique pour corriger les anomalies et certaines pratiques qui avilissent la profession. Cependant Daly, tout comme malgré tous les maux qui accablent notre pays, nous continuons avec stoïcisme d'assumer notre nationalité et allons au-devant de notre pays quand c'est nécessaire de le défendre contre les gifles de nos voisins, l'arrogance des proconsuls et autres envoyés spéciaux, tout comme mon ami, la presse, pour son utilité et les immenses services qu'elle rend à la nation dans une réalité d'institutions défaillantes et en plein dysfonctionnement, nous ne saurons, à la satisfaction de prédateurs et contempteurs qui applaudissent, jeter le bébé avec l'eau du bain. Nous ne devons pas alimenter en eau  le moulin des ennemis de la presse et de la liberté d'expression.

Il s'agit de se situer pour faire la part des choses, sans œillères, mais aussi sans autoflagellation. En tout cas, si ton expression de trop plein est une sorte de chronique d'un départ annoncé de la presse, ce serait dommage, ta plume va nous manquer.

Souviens-toi avant, pour réformer, restructurer, changer, bousculer, améliorer, il faut des combattants. Ce n'est ni la Minustha, ni les ambassades, ni l'Unesco, ni aucune instance étrangère qui remplacera le travail de notre presse. Tout comme c'est aux Haïtiennes et aux Haïtiens de se colleter aux défis avec persévérance et détermination pour changer Haïti. Malgré que toutes les conditions soient réunies pour nous décourager, l'heure n'est pas à la déprime. Nous savons que les ressorts pour rebondir sont bien là. Fraternellement.

De quelle Haïti parle Hérold Jean-François dans lettre à Daly Valet ? (Texte de Cyrus Sibert)

Le Journaliste Daly Valet
Faut-il croire que, dégoûté de nous, tu laisses la presse sur la pointe des pieds? Doit-on comprendre qu'avec cette sortie, quand on réfère à toi désormais, on doit dire Daly Valet, ex-journaliste?

Mais Daly, te rends-tu compte qu'après toutes les batailles menées par les démocrates, celui à qui l'on a confié les rennes du pouvoir n'est autre que Michel Martelly?
[CYRUS SIBERT :
Les batailles menées par les démocrates, ne voulaient-elles pas implanter la démocratie basée sur le suffrage universel en Haïti ?  De quel droit un intellectuel démocrate, si savant soit-il, peut-il contester le choix du peuple consacré par des joutes électorales suivant l'esprit procédural de la démocratie ? La classe moyenne d'Haïti avait fait le même raisonnement en 1991. Elle trouvait le Petit Prêtre des bidonvilles Jean-Bertrand Aristide trop peu pour diriger le pays ; ils ont ignoré le choix du peuple ; conséquences : Coup d'Etat, embargo, invasion, occupation et Tutelle internationale.]
As-tu oublié que, depuis le coup d'État du 30 septembre 1991, on est sorti de Dessalines et de la belle tradition d'autodétermination et de la fierté souverainiste? Depuis l'arrivée de la MINUSHA en 1992, ne vois-tu pas que, même pour lever une pelle et ramasser nos ordures, il nous faut une main étrangère?
[CYRUS SIBERT :
Cette situation ne date pas d'hier. Elle est le résultat de cette prétention de citoyens qui se croient au-dessus des principes démocratiques. Ces gens n'ont rien appris. Ils veulent déstabiliser le pouvoir en place qu'ils n'ont jamais accepté. La vérité, la participation de l'Etat haïtien dans le Budget national a augmenté avec l'arrivée de l'équipe Martelly/Lamothe. Haïti n'organise plus de réunions de bailleurs à Washington (USA) ou à Punta Cana (République Dominicaine) pour quémander l'aide humanitaire. Les officiels de ce pouvoir font appel à des investissements étrangers.  Il n'y a plus de soldat de l'ONU dans le Nord-Ouest et d'autres régions du pays. Un contingent de soldats haïtiens formés en Equateur est actuellement opérationnel sous le sol national. Le pouvoir en place négocie un plan de désoccupation du territoire national.]
La République des ONG, Daly, elle ne date pas du 12 janvier 2010. Rappelle-toi le titre d'un livre de Sauveur Pierre Étienne, L'Invasion des ONG (Le Natal, octobre 1997)! Et puis Daly, quand tu vas d'un point à l'autre du pays, l'état délabré de nos villes figées dans le temps si ce n'était la verrue des bidonvilles qui les encercle, cela ne traduit rien moins que l'échec de la nation?
[CYRUS SIBERT :
Depuis l'arrivée du Pouvoir Martelly/Lamothe, les villes sont de plus en plus propres. Au Cap-Haitien, les visiteurs constatent une ville plus propre qu'il y a 4 ans. La stratégie du pouvoir en place de faire du SMCRS un organisme stratégique avec plus de moyens, plus de ressources , la décision d'interdire l'importation de certains produits plastiques améliore considérablement l'image des villes de provinces. Le tourisme reprend ses droits. Des tours opérateurs organisent des visites guidées en Haïti. La semaine écoulée, j'ai vu au Cap-Haitien, des italiens, des allemands, des canadiens et un anglais d'origine haïtienne (adopté par un couple anglais) qui n'avait jamais connu sa terre natale. Ils étaient guidés par le « Tour operateur Lumière » qui travaille en partenariat avec une compagnie Européenne.]
Alors mon ami, la gangrène de la corruption comme elle s'installe dans la 49e législature, à la Chambre des députés en particulier, ce qui rend le Parlement inopérant avant sa caducité prochaine par l'attitude même des sénateurs, n'est-ce pas là un objet de dégoût?
[CYRUS SIBERT :
La corruption au parlement haïtien ne date pas d'hier. Depuis toujours, il y a les fameuses résolutions monnayées. Comme exemple, citons celles sur la SOCABANK, sur les importateurs de riz au Cap-Haitien,… En 1995, des députés de l'OPL étaient impliqués dans une affaire de vente de moteurs de voitures, un autre a été arrêté en Suisse transportant de la drogue dans ses valises. Comme aujourd'hui, ils n'étaient pas tous corrompus, mais la corruption existait. Plus prêt de nous, la 48e législature avec le Groupe CPP votait sans débattre des lois, sur simple ordre du Palais national. Le renvoi spectaculaire de Madame Duvivier Pierre-Louis et le vote des lois formant le CIRH sont des exemples forts. De plus, en 2011, n'est ce pas la société civile haïtienne et la classe politique qui exhortaient le Président Martelly de trouver une entente avec le parlement pour pouvoir gouverner. Le nouveau Président n'avait pas bénéficié du support de la société haïtienne face au refus des parlementaires de valider la nomination d'un Premier Ministre désigné Daniel Rouzier, jugé trop honnête et sérieux.  On rendait le Président Martelly responsable du blocage, on critiquait son incapacité à négocier avec le parlement. Alors, les faits sont là.  Si le pouvoir en place a suivi les conseils de la Société haïtienne jusqu'à constituer un bloc au parlement, qu'on ne vienne pas nous parler de corruption. Car, il était clair pour tout le monde, même le citoyen le plus simple, que les parlementaires faisaient chanter la Présidence dans le sens de leurs intérêts personnels, au détriment du général.]
 
L'État affairiste qui nous tient lieu de pays aujourd'hui où les opérateurs politiques sont autant de dealers qui liquident, contre commissions, les ressources et biens de la nation; les scandales autour du pouvoir qui nous envoient la perception que nous sommes mal pris dans un vaste réseau d'association de malfaiteurs mettant à mal l'image de la principale institution nationale, la Présidence.
[CYRUS SIBERT :
Pure spéculations !  La Présidence de Michel Martelly s'est toujours montré radical envers toute personne accusée, à raison, de violation de la loi. Le chauffeur du Chef de l'Etat est en prison pour une affaire de fausses cartes d'accès, le journaliste Moloscot (un partisan) est en cavale ; Calixte Valentin, le Conseiller Spécial du Chef de l'Etat a été emprisonné sur simple accusation. On se plaigne de sa libération, mais c'est une décision de justice.  Sonson la Familia est en cavale. Un jeune membre du cabinet de la Première Dame a été renvoyé parce qu'il est rapporté dans la presse comme un jeune ayant eu des démêlés avec la justice américaine. C'est encourageant dans un pays traditionnellement dictatorial où le Palais national est toujours au-dessus de la loi. Nous sommes loin d'un Président comme René Préval qui imposait des chefs de gangs comme membres de la Commission de Désarmement, au mépris des protestations des organisations des Droits humains. On peut dire même que c'est beaucoup si l'on considère que sur cette terre aucune Présidence ne se laisse pas traiter comme une personne morale dénuée de puissance publique.]
La situation de dépendance de la justice malgré la création du CSPJ à cause d'une carence de personnalités de caractère, sans préjudice à ceux et celles qui en ont encore au sein de ladite entité; un substitut du commissaire du gouvernement incapable de dire non et qui se prête à une forfaiture et qui démissionne après coût plutôt qu'avant, n'avons-nous pas là, mon ami, des indices clairs de la décomposition de notre société qui nous donne de bonnes raisons d'avoir la nausée?
[CYRUS SIBERT : C'est une erreur que cette décision du Président Martelly, d'instituer le CSPJ, a été adoptée avant un rapport de Vetting sur tous les juges du système. L'Exécutif est souvent victime des agissements de magistrats souvent motivés par l'argent que par le droit. Je pense comme Hérold Jean-François qu'il y a trop de juges corrompus dans le système. Le comportement de ce commissaire de gouvernement n'est pas nouveau. D'habitude, ils ne reculent pas devant l'argent. Et, c'est normal que ce dernier démissionne après avoir posé l'acte contesté. Ils sont nombreux les commissaires de gouvernement haïtiens qui ne reculent pas devant l'argent. Et si l'offre est importante, ils préfèrent commettre le forfait et démissionner après. Dans le dossier Sonson lafamilia, il s'agit de gens pourvus en argent. On ne peut pas attribuer cette décision à l'Exécutif. Enfin, le fait d'exiger la démission de ce magistrat est une preuve que le pouvoir exécutif fait des efforts. Car, sous les gouvernements Lavalas, lors du règne de la gauche haïtienne, on aurait eu un résultat différent. Il ne faut pas oublier que dans le temps, les policiers et commissaires corrompus étaient mutés au Palais National avec promotion.]

Tu n'es pas dégoûté par la société du crime qu'est devenu notre pays où des gens, parmi les plus en vue, disparaissent du jour au lendemain sans laisser de trace comme s'ils étaient une fiction et puis, affaire classée?
[CYRUS SIBERT :
Le journaliste semble être déconnecté de la réalité (factuelle)! Car, depuis l'arrivée du Président Martelly au pouvoir, on observe une lutte systématique contre le crime organisé. Les kidnappings ont diminué considérablement. La cellule anti-enlèvement de la PNH est renforcée et devient plus dynamique. Presque tous les crimes spectaculaires sont objet d'enquête. Hérold Jean-François semble se référer au cas du Sénateur Toussaint assassiné dans les années 90. Même l'enquête sur  l'assassinat du journaliste Jean Dominique le 3 avril 2001, a pu progresser grâce à l'administration du Président Martelly. Certes, le crime organisé reste un problème majeur, comme partout dans le monde. Mais, on ne peut pas dire que cela a empiré sous le gouvernement du Président Martelly. Le gang de Brandt existait et opérait dans le pays depuis longtemps. Il a fallu une administration comme celui du Président Martelly pour permettre à la police de l'arrêter. Les detracteurs diront que cela est du grâce à un contact au Département d'Etat Américain. Alors la question, ce Département d'Etat n'existait-il pas avant l'arrivée du Président Martelly ? Il faut donner à César ce qui est à César ! ]
Nous aurions pu, Daly, écrire un livre à plusieurs tomes pour illustrer la difficulté de porter avec fierté la nationalité haïtienne en déroute pendant toute cette transition démocratique. Mais va-t-on lire, après le dégoût de la presse, ton dégoût d'Haïti et d'être Haïtien?

Mon cher Daly, quelque justifiée et préoccupante que puisse être la situation d'une certaine presse en Haïti, car chacun des intervenants de la presse, pris séparément, n'est pas toute la presse dans un sens comme dans l'autre. Nous croyons fermement que ce qui reste encore de notre pays l'est, grâce à la contribution de la presse. Loin de nous la prétention d'écarter le mérite de femmes et d'hommes politiques, de parlementaires conséquents, de militants et d'activistes increvables, de défenseurs de droits de la personne courageux et téméraires, de leaders de la société civile tenaces, de braves citoyennes et citoyens d'organisations de femmes, d'associations de tous types.

Mais Daly, le travail de la presse et des médias, malgré des limitations, déviations et autres attitudes faisant de la plateforme des médias un lieu de marchandage, de défense d'intérêt mesquin en rupture avec la déontologie, en dépit de la transformation des médias en lieu de positionnement, de deal voire de chantage, malgré des postures honteuses de confrères réclamant des per diem pour des formations, des "roulements", des cartes de téléphone à des parlementaires, malgré toutes les attitudes dégueulasses de certains de nos confrères, il y a en Haïti, globalement, une presse responsable dont l'absence aurait déjà conduit au déraillement du processus démocratique.
[CYRUS SIBERT : C'est illogique de dénoncer tous ces problèmes déontologiques et de dire dans le même paragraphe « il y a en Haïti, globalement, une presse responsable dont l'absence aurait déjà conduit au déraillement du processus démocratique».  Une presse peut-elle être responsable et sérieuse avec tous ces défauts : [« lieu de marchandage, de défense d'intérêt mesquin en rupture avec la déontologie, en dépit de la transformation des médias en lieu de positionnement, de deal voire de chantage, malgré des postures honteuses de confrères réclamant des per diem pour des formations, des "roulements", des cartes de téléphone à des parlementaires, malgré toutes les attitudes dégueulasses de certains de nos confrères » ?]
Vu l'ampleur de ces dérives, c'est orgueilleux de vouloir parler de presse responsable après avoir cité tous ces problèmes. Sur ce point, la position de Daly Valet est louable. La presse haïtienne doit accepter de se réformer. D'ailleurs plusieurs recherches, réalisées par des universités étrangères ont démontré que la presse haïtienne a un problème de représentation.
Lisez : La représentation médiatique d'Haïti est problématique, selon un chercheur de l'UConnhttp://reseaucitadelle.blogspot.com/2013/01/la-representation-mediatique-dhaiti-est_5652.html ]

La veille de cette presse pour monter au créneau et signaler les déviances, le courage de certains analystes, éditorialistes dont toi-même, la fougue de jeunes confrères qui couvrent l'actualité au quotidien pour informer la nation ne peut pas être jetée à la poubelle ou dans un fourre-tout comme le Conatel a tenté de le faire. En parlant du Conatel Daly, cela ne t'interpelle pas, les réflexes et l'état d'esprit autoritaire dans lequel a été adopté le décret du 12 octobre 1977 et qui prévaut aujourd'hui encore, après toutes les résistances depuis le 29 mars 1987 pour asseoir des acquis démocratiques dans un État de droit en gestation? En 2014, peut-on prétendre se constituer en une juridiction d'exception pour tenter d'intimider la presse, en marge de la Constitution et des lois de la République?
[CYRUS SIBERT :
La note de la CONATEL visait à dénoncer le comportement irresponsable de Radio Zénith FM qui, au mépris du droit des marchands du secteur informel, a diffusé les noms des personnes ayant reçu de l'argent sous forme de prêt accordé par l'ONA. Une presse professionnelle devait pouvoir respecter le droit de ces marchands et comprendre le danger auquel elle les expose, en publiant des noms sur les ondes. C'est un acte méchant qui visait à livrer ces marchands aux gangs criminels. On doit pouvoir comprendre cette réalité injuste et simple. Puisque les médias haïtiens n'auraient jamais cité les noms de gros commerçants dits du SECTEUR DES AFFAIRES, on doit accepter le principe pour tout le monde. Ce principe de confidentialité ne peut pas exister seulement en faveur de commanditaires.  Cette reflexe de lutte antidictatoriale rend la presse stupide et ridicule. Car, elle la pousse à violer les principes le plus élémentaires de la profession suivant une logique de solidarité et de lutte. Le comportement d'une presse responsable aurait été une demande d'explication au CONATEL par l'Association des Médias, suivie d'une note de désapprobation appelant Radio Zénith à se ressaisir. ] 

La presse, la corporation, les médias doivent être ouverts à la critique pour corriger les anomalies et certaines pratiques qui avilissent la profession. Cependant Daly, tout comme malgré tous les maux qui accablent notre pays, nous continuons avec stoïcisme d'assumer notre nationalité et allons au-devant de notre pays quand c'est nécessaire de le défendre contre les gifles de nos voisins, l'arrogance des proconsuls et autres envoyés spéciaux, tout comme mon ami, la presse, pour son utilité et les immenses services qu'elle rend à la nation dans une réalité d'institutions défaillantes et en plein dysfonctionnement, nous ne saurons, à la satisfaction de prédateurs et contempteurs qui applaudissent, jeter le bébé avec l'eau du bain. Nous ne devons pas alimenter en eau  le moulin des ennemis de la presse et de la liberté d'expression.
[CYRUS SIBERT : Une conception militante de la presse, conséquences des périodes dictatoriales de Duvalier et militaires, la presse haïtienne se croit missionnaire et non UN SERVICE. Incapable d'évoluer avec le projet démocratique, cette presse se croit encore forgeuse de nation et de démocratie. Elle se croit au-dessus du peuple. C'est une presse aristocratique dominée par des seniors qui paralysent toute tentative de réforme, toute association de journalistes. Finalement, en Haïti, les travailleurs de la presse sont sous la coupe de journalistes seniors devenus patrons de médias… Un problème de classe transverse la presse haïtienne. La dialectique Journalistes-Seniors-patrons/Jeunes-journalistes-Employés-exploités crée une réalité de deux groupes d'intérêts divergents qui empêche de poser les vrais problèmes de réforme de la profession, de salaire et d'amélioration des conditions de travail. Car, quand les employés des salles de nouvelle cherchent de meilleur salaire, des formations complémentaires, des séminaires et de meilleures conditions de travail, le Journaliste Senior, souvent proches de pouvoir ou d'opposition, est prêt à tout sacrifier pour la prise du pouvoir ou le renversement du gouvernement en place. Le tout se fait au nom de la liberté d'expression. Et, voyant les avantages de cet espace d'hypocrisie folle, des personnes en conflit avec la loi comme les criminels et les trafiquants de drogue font leur entrée par la grande porte en y injectant leur argent sale en échange de louange et de protection.]

Il s'agit de se situer pour faire la part des choses, sans œillères, mais aussi sans autoflagellation. En tout cas, si ton expression de trop plein est une sorte de chronique d'un départ annoncé de la presse, ce serait dommage, ta plume va nous manquer. 

Souviens-toi avant, pour réformer, restructurer, changer, bousculer, améliorer, il faut des combattants. Ce n'est ni la Minustha, ni les ambassades, ni l'Unesco, ni aucune instance étrangère qui remplacera le travail de notre presse. Tout comme c'est aux Haïtiennes et aux Haïtiens de se colleter aux défis avec persévérance et détermination pour changer Haïti. Malgré que toutes les conditions soient réunies pour nous décourager, l'heure n'est pas à la déprime. Nous savons que les ressorts pour rebondir sont bien là. Fraternellement.
[N.B. : Le journaliste Cyrus Sibert a une position connue, une ligne claire - depuis toujours. Il sait établir un distinguo élémentaire entre fait et opinion. Il n'est pas de ces hypocrites qui se cachent derrière le principe de la « neutralité » tout en mélangeant les faits à leurs opinions dans le but de supporter un secteur politique et de combattre un autre. Il est contre cette soumission aux idées reçues, contre cette prétention qui fait des journalistes de la capitale haïtienne des donneurs d'ordre et de leçon. Il est un ouvert aux échanges, mais est contre toute forme d'arrogance.  Il n'est pas un démagogue.]



Thursday, February 9, 2012

Debat Democratique: L'Agronome Michel William et Renald Luberice Questionnent une Partie de la Presse Haitienne


La manipulation de la population a atteint les limites de l’intoxication par Agr. Michel William
Dans l’affaire de double nationalité soulevée par le sénateur Moise Jean Charles , la presse de la  capitale parle de ce sujet comme d’une certitude  presque absolue. les journalistes  laisseraient croire astucieusement que la double  nationalité  dont est accusé le président Michel Martelly était indiscutable et qu’il fallait déjà commencer á  statuer sur la mise en place des procédures de sa destitution. C’était dans l’émission « Ramasse » du 28 Janvier 2012 la position de l’homme politique  Camille  Leblanc, un ancien ministre de la Justice , qui anticipait déjà une  procédure en deux étapes, la destitution du président d’abord et le recours ensuite  aux pénales .La presse  de son coté semblerait se constituer  en un parti d’opposition au pouvoir de Mr Martelly. Elle épie chaque geste du président pour en faire un drame qui alourdit l’atmosphère politique..Le tout dernier acte est son engagement tête baissée  dans  la lutte déclarée du sénateur Moise au président Martelly dans sa façon partisane sinon suspecte de traiter l’information. Dans l’affaire de double nationalité  la presse semble faire sienne le cheval de bataille du sénateur Moise,  en endossant naïvement la lutte politique du sénateur,  pour demander au Président pourquoi il n’a pas  répondu  á  la requête de la commission sénatoriale d’enquête en  lui remettant son passeport. C’est  aussi la perception qui se dégage  dans la population de l’approche  irrespectueuse et insolite du sénateur Dera qui s’est arrogé d’un pouvoir que la constitution ne lui a pas donné en écrivant une lettre ouverte au président de la république pour exiger des excuses publiques et un amendement. Le sénateur Dera, utilisant abusivement la casquette du président de l’assemblée nationale a accusé  le président de fautes graves et regrettables  commises dans la résidence privée du premier ministre et au salon diplomatique de l’aéroport de Port-au-Prince .en partant pour le Venezuela .Il pose des conditions  pour une reprise normale des relations du parlement avec le président..
Cette façon précipitée et intéressée  d’intervention dans le présent dossier par le président de l’Assemblée nationale et par la presque totalité de la presse  participe de la théorie  des dix stratégies de la manipulation des masses par les media  décrites par le linguiste américain Noam Chomsky dans « Armes silencieuses pour  guerres tranquilles) signalées par l’ Agronome  Joe N Pierre) .On est en présence d’une guerre tranquille  déclarée par un militant politique opposé á l’idéologie de Mr Martelly et  appuyée par les media  sous le fallacieux soupçon que le président Martelly prendrait trop tôt l’option de menacer la liberté de la presse.

Voici les dix stratégies utilisées par les media
1-La stratégie de la distraction
2-La stratégie  de création  des problèmes, pour  en offrir des solutions
3-La stratégie de la dégradation
4-Maintien  du public dans l’ignorance et la bêtise
5.-Celle de faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion
6-Celle de s’adresser au public comme à des enfants en bas âge
7-Celle d’ encourager le public à se complaire dans la médiocrité
8-Celle du différé
9-Celle du remplacement de la révolte par la culpabilité
10-Celle de connaître les individus mieux que les manipulateurs ne se connaissent eux-mêmes

Nous nous  attarderons sur les  cinq premières

1-Distraction»
.Sortie du double séisme physique (12 janvier ) et politique(25 ans de Lavalas  qui a détruit  économiquement  et institutionnellement le pays) Haïti fait face á des besoins énormes en temps et en compréhension dans les domaines  stratégiques de la politique,  de l’information, de la sécurité et de la production..
La stratégie de la distraction  consiste á  « « Garder l’attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle . Dans la situation précaire de tous les besoins du peuple haïtien, le pays ne profiterait il pas plus  des appels répétés  de la presse  pour exiger la sérénité entre  les pouvoirs exécutif et législatif afin de  trouver le plus rapidement possible un terrain d’entente  pour mener les politiques publiques pour lesquelles  la population les avait élues ?. La presse a été prise aux pièges du GPR et  a fait plutôt le travail politique  du sénateur contre celui de la société.

2. Création des problèmes, puis en offrir les solutions
Le sénateur Moise  exploitant la perception non justifiée de l’inimitié  entre le président et la presse a amené dans l’opinion le problème de la double nationalité. Comme l’a souligné l’ancien premier ministre Yvon Neptune, pour accéder aux postes électifs de président de la république  et de législateurs, il avait été créé un organisme officiel, le CEP,  chargé de vérifier les pièces. Il faut donc s’adresser  d’abord aux   institutions  officielles ayant  délivré les certificats  requis par la loi électorale et ensuite au CEP pour juger de la la validité des pièces soumises..  On se souvient encore des manœuvres de l’exécutif de Mr Préval  avec le sénateur Fequière Mathurin pour valider le pouvoir des sénateurs du 19 avril 2009

De nos jours   n’est il pas étrange de constater que  c’est le sénateur Moise qui ne pouvant Pas faire la preuve de son accusation  a été le premier á suggérer au  président la solution qui satisferait ses propres fantasmes , celle de déclarer á la nation qu’il ne détient aucune autre nationalité ou de remettre volontairement  son passeport  pour mettre fin a une situation d’inquiétude politique créé par le sénateur en connaissance de cause ??N’est il pas  non moins  suspect de voir que la presse laisse dormir en paix le sénateur Moise qui ne peut pas prouver son accusation pendant qu’elle met á profit chaque seconde de l’horloge politique pour pousser le président  á faire le jeu du sénateur Moise en lui demandant  de se conformer á la demande de la commission sénatoriale d’enquête pour prouver qu’il ne détient pas une autre nationalité ?.Une situation d’instabilité politique a été  créé et on demande au président, la victime,  de prendre une mesure qui viendrait libérer  le sénateur Moise de son propre piège. C’est la guerre tranquille que le peuple  ne peut pas  détecter.

3. La stratégie de la dégradation
L’objectif final des ennemis de Martelly est son éjection du palais national. La stratégie de la dégradation  dans la manipulation des masses  consiste á indexer  chaque jour  les attitudes de l’artiste autrefois appréciées  par le public  pour en faire aujourd’hui des causes de dégoût et de regret. Voici les différentes dégradations dont le président a été victime d’Octobre 2010 á 2012. Grivois, putchiste. FRAPHiste, irrespect des prérogatives constitutionnelles dans sa manière d’imposer mano militari des taxes,  étranger á  la présidence d’Haïti. Aujourd’hui  C’est un «  Kwipe » qui ferait honte á  l’élite haïtienne et á  la presse alors que le gros peuple se félicite de trouver en Martelly , un président capable de dire au parlement les quatre vérités qui’il voudrait dire lui-même, mais qu’il ne peut pas dire, parce qu’on lui refuse toujours  d’utiliser son seul moyen d’expression qui est sa carte électorale pour sanctionner les candidats.. Le  kwipe »au quotidien du petit peuple des rues  n’est rien d’autre qu’un geste de dégout et de répugnance de celui qui le fait á l’endroit d’un adversaire qui ne mériterait même pas une réponse suite á  une parole très déplacée versée dans une prise de bouche. Elle signifie  «  mwen wont pou wou »

Le sens  du Kwipe » du président signifie qu’il éprouve de la commisération  pour la presse qui pourrait mieux aider la population a adresser ses problèmes majeurs au lieu de faire le jeu d’un adversaire politique qui ne cherche qu’á créer des situations de retard  pour bloquer les initiatives en faveur de la grande masse. La toute dernière goutte d’eau est la lettre ouverte écrite par le président de l’assemblée  nationale, le Sénateur Dieuseul Dera Simon,  largement reprise par la presse sans esprit d’analyse  et dans laquelle , mr Dera se permet de juger publiquement les actes du président et d’exiger avant toute investigation des faits  des excuses á  la population , á la presse et  un acte d’amendement  conditionnel á  toute  reprise normale des relations avec le parlement.

Le sénateur Simon le faisant vient de créer une nouvelle situation de conflit avec l’exécutif, car il sait très bien que dans le cas de différend opposant le législatif á  l’exécutif, c’est la commission de conciliation  qui est la première instance constitutionnelle  á  consulter pour aplanir le différend et non son titre de président de l’assemblée nationale.. Ce comite serait formé
a-Du président de la cour de cassation Président
b-Du président du Senat vice président,
c-Du président de la chambre des députés membres,
d-Du président du conseil électoral permanent membre,
e-Du  vice président du CEP membre
f- De deux ministres désignés par le président de la république  membres

Le mode de fonctionnement de cette commission  est déterminé par la loi.

Etant dans l’impossibilité de faire appel aux bons offices de cette commission que la quarante huitième avait  refusée de  mettre  en place pendant les vingt cinq ans de lavalas  et refusant á priori toute solution légale  qui ne trancherait pas en sa faveur de son parti le sénateur a préféré joué  la carte de la dégradation progressive du président pour porter l’opinion a se désolidariser de lui. En réalité, le sénateur Dera mène une guerre tranquille contre le président. Le sénateur DERA a utilisé le pouvoir des media pour régler ses différents  personnels avec le chef de l’exécutif

.4-Appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion
Les haïtiens avertis  ne tarderont pas á constater que les sénateurs les plus opposés au Président Martelly ont donné une conférence de presse dans laquelle ils disent que sur 10 dossiers analysés des membres de l’exécutif, il y aurait  deux membres détenant  la nationalité étrangère tout  en se gardant de décliner les noms. La presse a dramatisé l’information dans le sens du parlement  en relayant une information retenue comme une manipulation politique. Pourquoi la presse a donné  tout cet écho á  une information que ne veulent pas clarifier les sénateurs conférenciers eux-mêmes ?Y aurait il entre la presse et le parlement une relation privilégiée  qui voudrait que toutes les déclarations  sans preuve soient grossies  pourvu que ce soit contre le président ?.On ne sait pas . L’explication politique la plus plausible pour le parlement serait que la trouvaille était trop  maigre  par rapport aux attentes soulevées  politiquement et qu’il était préférable de jouer la carte de la tension politique permanente laissant aux media d’achever la stratégie de la manipulation de l’opinion. La presse prise aux pièges du GPR et des déçus de Lavalas a  décidé de  jouer la carte de l’émotion   est tombée dans la  manœuvre politique du sénateur. et en  fait durer  le suspense.

5-Maintien du  public dans l’ignorance et la bêtise
Un des objectifs non avoués des stratèges de la manipulation des masses est une  campagne  de tension permanente  qui prive la population de son droit de réflexion pour ne pas percer le mystère des enjeux politiques. De fait les enjeux politiques sont d’empêcher que la droite ne profite des erreurs des vingt cinq années de lavalas pour reprendre définitivement le pouvoir et le garder pour vingt cinq années á  son tour .Cette manipulation de l’opinion a des enjeux économiques. Il ne faut pas  laisser á  l’équipe de Martelly la chance de bénéficier des sous contrats de la reconstruction ou des commissions juteuses issues de passation de marché  non-conforme aux exigences de la loi.. Il faut en outre détourner   á  tout prix les enjeux politiques et politiques de l’attention de la presse qui ferait le jeu de Martelly en dénonçant  la signature frauduleuse de contrats  par l’administration antérieur et dont profiterait des hauts placés du GPR. Il faut créer pour la nouvelle administration une situation de malaise politique  qui force constamment  l’équipe de Martelly á faire des concessions  chaque fois qu’elle  voudrait réaliser la plus petite de ses promesses électorales de campagne jusqu'à sa reddition totale.

La presse est utilisée comme bouc émissaire dans cette guerre larvée d’information dont l’enjeu  est la récupération du pouvoir exécutif perdu par l’INITE au grand dam de la droite qui n’aurait  pas fini encore de purger ,selon la gauche, la punition ineffable de l’article 291 de la constitution de 1987 après 25 années d’exclusion. Il faut á  prix gagner la bataille de l’amendement constitution qui conforterait les INITE et Lavalas déçus  dans leurs  ambitions de garder le pouvoir pour un autre demi-siècle.

Cette affaire de la double nationalité, fusse  elle vraie, resterait de la poudre aux yeux pour brouiller les pistes et empêcher á  la population de découvrir les objectifs  cachés de la manipulation politique , profitable á  lavalas, á  l’INITE et aux quatrevingtsixards á certains égards.

Une  nouvelle manœuvre s’annonce. Comme les feux de flamme des dossiers Moise et Bélisaire  sont presque éteints  sans atteindre le but recherché, il faut  créer tout de suite de nouvelles distractions au niveau des sujets les plus sensibles. Les spécialistes de la manipulation des masses s’improvisent défenseurs des journalistes les plus en vogue. On attribue en deux fois á  Daly Valet des points de vue qu’il n’a pas du tout exprimés sur le président de la république.. Il y a deux  mois c’était Valery Numa qu’on disait de garder  un profil bas en raison des certaines menaces  voilées de l’exécutif quand  une semaine plutôt l’intéressé avait annoncé qu’il irait  consacrer son temps á  la mise en onde de sa station de radio Platinium qui émettrait á  l’avenir en simulcast avec vision 2000 pour les émissions de nouvelle et d’analyse politique. La semaine dernière  c’était au tour de Jean Monar d’etre menacé par le pouvoir . Demain ce sera peut être une intention prêtée au gouvernement de menacer Marvel Dandin dont les commentaires mêmes orientés  ne sont  pas des préoccupations majeures pour le president.

.Une nationalité étrangère á  la tête du pays  n’est pas objectivement et politiquement parlant une cause de destitution parce que le véritable homme fort qui contrôle les leviers du pays  n’est pas Michel Martelly mais le blanc..Le blanc est le véritable président qui fait les élections, qui choisit son président, qui choisit ses parlementaires, qui met  un avion en stand by sur la piste de l’aéroport pour envoyer en exil un président en exercice s’il laisse  la situation se dégénérer entre ses mains .Il est celui qui ordonne l’approbation du choix de son  premier ministre, et qui finance le Budget de la république á  70%.Aujourd’hui il intervient dans la gestion de la fédération haïtienne de Football..De quelle nationalité est le blanc qui nous dirige? Questionne t-on la nationalité du  blanc ?. Allons nous éjecter le blanc de son trône de Président suprême d’Haïti? Sinon de quoi  nous parlons ? Que visons nous dans cette question de double nationalité ?Voudrions nous mettre un autre haïtien á la place de Martelly pour exercer le même pouvoir dans les mêmes conditions imposées á Martelly ?

Mon souhait est que nous n’aggravons pas d’avantage les divisions entre frères haïtiens. Nous en avons fait l’expérience malheureuse  avec  Mr Aristide, avec Mr Latortue, avec Mr Préval .Pourquoi  ne nous entendons nous pas pour  mettre de l’ordre dans nos affaires et trouver le consensus haïtien pour libérer Haïti de la tutelle de l’Internationale qui nous tire la ficelle ? Pourquoi pas rédiger une nouvelle  constitution qui mettrait fin aux ambitions inavouées de maintenir un régime politique instable avec un parlement qui cherche á toujours renforcer son emprise sur l’exécutif pendant que dans les coulisses  il complote pour faire perdurer officieusement l’article  291 épuisée de la constitution depuis 1997.

La société ne doit plus tolérer cette médiocrité de la presse haïtienne par Renald Luberice
Parce que la presse haïtienne est dans l’ensemble médiocre, elle constitue un frein à la démocratisation au lieu d’être un catalyseur au processus devant permettre l’exercice en Haïti du pouvoir pour le peuple, par le peuple et au nom du peuple. La société haïtienne ne doit plus tolérer cette médiocrité. Je tâche de développer mon argumentation en deux points. Premièrement je souligne les constituants de cette médiocrité. Deuxièmement j’établis le lien entre cette médiocrité et les mécanismes qui participent de ce ralentissement voire de l’immobilisation de la démocratisation et explique pourquoi nous ne devons plus fermer les yeux à ce sujet.

1)   Les constituants de cette médiocrité
En fait, de 2007 à nos jours je n’ai eu de cesse de souligner les mécanismes de blocage de l’émergence de l’Etat moderne en Haïti (à ce sujet lire mon livre intitulé  Haïti : Etat fortuit ? Mécanismes de blocage et/où d’accélération de l’émergence d’un Etat moderne sérendipe , Berlin (Allemagne), EUE, 2011).

J’ai par ailleurs souligné dans mes articles de vulgarisation des apparats politiques, la non rationalisation de l’activité politique, l’incapacité manifeste de nos élites de mener un projet collectif (la fondation de la nation haïtienne) comme autant de handicap à un « mieux être haïtien ». Toutefois une analyse objective de la situation contemporaine ne peut faire l’économie du rôle de la presse. La médiocrité de cette presse empire la situation politique d’Haïti. La presse participe plutôt à l’institution d’une médiocratie qu’à une démocratisation. Deux éléments essentiels facilitent cette médiocrité : a) les travailleurs de la presse (en particulier les journalistes) ne sont pas formés, b) leur situation économique est souvent pitoyable.

a)    formation des journalistes en Haïti
Le projet d’institution de la démocratie en Haïti avec la chute des Duvalier a permis  l’explosion d’une presse libre, essentiellement parlée. Cette presse est constituée d’amateurs, de militants politiques drapés du costume de journaliste. Ses travailleurs sont très peu formés. Ils ne dépassent généralement pas la terminale (la philo, en Haïti). Les rares journalistes qui ont pu fréquenter l’université n’ont pas obtenu de diplôme universitaire. Il est exceptionnel de trouver un journaliste haïtien diplômé d’une université reconnue exerçant son métier avec professionnalisme. Au niveau intellectuel on ne peut pas attendre grand chose de cette corporation. La méthodologie d’enquête en sciences humaines et sociales, proche de celle du journalisme, s’apprend à l’université. Les journalistes haïtiens n’y ont pas été, ils n’y sont pas familiers. Alors tout ce qu’ils savent faire c’est  du « voye moute ».

b)   Situation économique des journalistes
La situation professionnelle des journalistes en Haïti est préoccupante. Celui qui réussit à gagner 20.000 gourdes (400 euros), honnêtement en exerçant sa profession est un héros national. Parce qu’il est difficile de vivre par le biais de sa profession, nos journalistes sont très jeunes et doivent souvent déroger aux principes éthiques en vue de grappiller quelques sous.  Les associations de journalistes ne s’occupent pas vraiment des conditions de travail des journalistes. Les associations de propriétaires de médias n’en ont cure que des propriétaires de médias roulent dans des voitures à 120.000 dollars américains pendant que leurs employés journalistes peinent à s’acheter du déodorant ! Dieu sait que les conditions matérielles d’existence des hommes déterminent leur capacité de réflexion, leur vision d’eux-mêmes et des autres.

En Haïti les conditions d’entrée dans la profession de journalisme ne sont pas déterminées. Aucune instance ne contrôle la délivrance des cartes de presse. Le Conseil National des Télécommunications n’entreprend rien qui aurait pu structurer la profession. La conséquence de toutes ces inconséquences est qu’éthique et journalisme en Haïti sont vraiment antinomique. Point n’est besoin de se demander si cela a des impacts sur la démocratie.

2)   Médiocrité et ralentissement de la démocratisation
Cette presse aurait dû dans la logique des choses contribuer au renforcement de la démocratie en Haïti. Mais elle n’en est pas à la hauteur. Cela a pour conséquence de concourir à ralentir voire immobiliser la démocratisation. Ne dit-on pas que la presse constitue un pouvoir ? Eh bien, donnez le pouvoir à un type qui n’est pas éclairé, il le travestit et le rend méconnaissable. Rappelez-vous du troisième président de l’Ouganda Idi Amin Dada Oumee : imposant, impressionnant, forte capacité destructrice mais très peu de chose dans la tête. C’est un peu cela la presse haïtienne. Elle parle avec autorité, donne des informations qu’elle n’a absolument pas vérifiée et n’a jamais mené une enquête sérieuse sur quoi que ce soit, sur qui que ce soit. Elle ne sait pas se situer dans les champs sociaux, incapable donc de définir son rapport avec la politique et les politiques.

Quiconque a côtoyé les journalistes haïtiens dans les moments de crise aura le sentiment qu’ils en font tellement (sont tellement excités) qu’ils éprouveraient un certain plaisir si tout se cassait. Vu que Haïti vit en crise permanente nos journalistes restent donc en permanence dans cet état d’esprit. Qui n’est pas dans cet état là n’est pas journaliste. La conséquence de cela est qu’ils n’ont point de recul par rapport à l’actualité et aux faits politiques. Leur formation sommaire constitue, par ailleurs, un sérieux handicap à l’analyse sociopolitique. En plus de cela, ils sont prisonniers d’un agenda politique qui les dépasse.

Pour concourir à la définition de l’agenda politique les journalistes auraient besoin d’effectuer un travail de journaliste. Vu que l’espace politique haïtien est parsemé de politiciens véreux qui n’ont d’intérêt que dans la descente aux enfers d’Haïti, qui ne jurent que par l’éternel recommencement, les journalistes, volontairement ou par ignorance, deviennent leurs alliés les plus fidèles et les plus efficaces.  Ce sont ces véreux politiciens qui définissent l’agenda et non les journalistes.

Un renforcement de la démocratisation aurait pourtant besoin de journalistes qui enquêtent sérieusement sur les cas de corruption, questionnant les budgets, mettant en relief l’écart entre projets annoncés et résultats obtenus, révélant à la population ce qu’on cherche à lui cacher, etc. Quel citoyen haïtien n’aurait-il pas été content si un journaliste révélait, suite à une enquête sérieuse et crédible, comment et pourquoi la version amandée de la constitution a-t-elle été altérée ? Qui ne serait pas satisfait de voir un média menant enquête indépendante sur la nationalité des officiels haïtiens, ne se contentant pas des allégations du sénateur Moïse, révéler la vérité sur la question ? Qui ne serait pas content de voir un brillant journaliste révéler à la nation qui est l’auteur de l’assassinat de Jean Dominique ? etc. ?

La plupart du temps nos journalistes préfèrent colporter, « faire du  zen » au lieu d’exercer la profession qu’ils prétendent exercer. De ce fait, une médiocratie s’installe dans le pays et la nation haïtienne reste la première perdante. Nous ne devons plus fermer les yeux sur cet état de fait. Si nous sommes en positions de dénoncer, dénonçons. Si nous sommes en position de décider, décidons. Prenons des mesures pour que le journalisme soit une réalité en Haïti.