Thursday, February 9, 2012

Debat Democratique: L'Agronome Michel William et Renald Luberice Questionnent une Partie de la Presse Haitienne


La manipulation de la population a atteint les limites de l’intoxication par Agr. Michel William
Dans l’affaire de double nationalité soulevée par le sénateur Moise Jean Charles , la presse de la  capitale parle de ce sujet comme d’une certitude  presque absolue. les journalistes  laisseraient croire astucieusement que la double  nationalité  dont est accusé le président Michel Martelly était indiscutable et qu’il fallait déjà commencer á  statuer sur la mise en place des procédures de sa destitution. C’était dans l’émission « Ramasse » du 28 Janvier 2012 la position de l’homme politique  Camille  Leblanc, un ancien ministre de la Justice , qui anticipait déjà une  procédure en deux étapes, la destitution du président d’abord et le recours ensuite  aux pénales .La presse  de son coté semblerait se constituer  en un parti d’opposition au pouvoir de Mr Martelly. Elle épie chaque geste du président pour en faire un drame qui alourdit l’atmosphère politique..Le tout dernier acte est son engagement tête baissée  dans  la lutte déclarée du sénateur Moise au président Martelly dans sa façon partisane sinon suspecte de traiter l’information. Dans l’affaire de double nationalité  la presse semble faire sienne le cheval de bataille du sénateur Moise,  en endossant naïvement la lutte politique du sénateur,  pour demander au Président pourquoi il n’a pas  répondu  á  la requête de la commission sénatoriale d’enquête en  lui remettant son passeport. C’est  aussi la perception qui se dégage  dans la population de l’approche  irrespectueuse et insolite du sénateur Dera qui s’est arrogé d’un pouvoir que la constitution ne lui a pas donné en écrivant une lettre ouverte au président de la république pour exiger des excuses publiques et un amendement. Le sénateur Dera, utilisant abusivement la casquette du président de l’assemblée nationale a accusé  le président de fautes graves et regrettables  commises dans la résidence privée du premier ministre et au salon diplomatique de l’aéroport de Port-au-Prince .en partant pour le Venezuela .Il pose des conditions  pour une reprise normale des relations du parlement avec le président..
Cette façon précipitée et intéressée  d’intervention dans le présent dossier par le président de l’Assemblée nationale et par la presque totalité de la presse  participe de la théorie  des dix stratégies de la manipulation des masses par les media  décrites par le linguiste américain Noam Chomsky dans « Armes silencieuses pour  guerres tranquilles) signalées par l’ Agronome  Joe N Pierre) .On est en présence d’une guerre tranquille  déclarée par un militant politique opposé á l’idéologie de Mr Martelly et  appuyée par les media  sous le fallacieux soupçon que le président Martelly prendrait trop tôt l’option de menacer la liberté de la presse.

Voici les dix stratégies utilisées par les media
1-La stratégie de la distraction
2-La stratégie  de création  des problèmes, pour  en offrir des solutions
3-La stratégie de la dégradation
4-Maintien  du public dans l’ignorance et la bêtise
5.-Celle de faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion
6-Celle de s’adresser au public comme à des enfants en bas âge
7-Celle d’ encourager le public à se complaire dans la médiocrité
8-Celle du différé
9-Celle du remplacement de la révolte par la culpabilité
10-Celle de connaître les individus mieux que les manipulateurs ne se connaissent eux-mêmes

Nous nous  attarderons sur les  cinq premières

1-Distraction»
.Sortie du double séisme physique (12 janvier ) et politique(25 ans de Lavalas  qui a détruit  économiquement  et institutionnellement le pays) Haïti fait face á des besoins énormes en temps et en compréhension dans les domaines  stratégiques de la politique,  de l’information, de la sécurité et de la production..
La stratégie de la distraction  consiste á  « « Garder l’attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle . Dans la situation précaire de tous les besoins du peuple haïtien, le pays ne profiterait il pas plus  des appels répétés  de la presse  pour exiger la sérénité entre  les pouvoirs exécutif et législatif afin de  trouver le plus rapidement possible un terrain d’entente  pour mener les politiques publiques pour lesquelles  la population les avait élues ?. La presse a été prise aux pièges du GPR et  a fait plutôt le travail politique  du sénateur contre celui de la société.

2. Création des problèmes, puis en offrir les solutions
Le sénateur Moise  exploitant la perception non justifiée de l’inimitié  entre le président et la presse a amené dans l’opinion le problème de la double nationalité. Comme l’a souligné l’ancien premier ministre Yvon Neptune, pour accéder aux postes électifs de président de la république  et de législateurs, il avait été créé un organisme officiel, le CEP,  chargé de vérifier les pièces. Il faut donc s’adresser  d’abord aux   institutions  officielles ayant  délivré les certificats  requis par la loi électorale et ensuite au CEP pour juger de la la validité des pièces soumises..  On se souvient encore des manœuvres de l’exécutif de Mr Préval  avec le sénateur Fequière Mathurin pour valider le pouvoir des sénateurs du 19 avril 2009

De nos jours   n’est il pas étrange de constater que  c’est le sénateur Moise qui ne pouvant Pas faire la preuve de son accusation  a été le premier á suggérer au  président la solution qui satisferait ses propres fantasmes , celle de déclarer á la nation qu’il ne détient aucune autre nationalité ou de remettre volontairement  son passeport  pour mettre fin a une situation d’inquiétude politique créé par le sénateur en connaissance de cause ??N’est il pas  non moins  suspect de voir que la presse laisse dormir en paix le sénateur Moise qui ne peut pas prouver son accusation pendant qu’elle met á profit chaque seconde de l’horloge politique pour pousser le président  á faire le jeu du sénateur Moise en lui demandant  de se conformer á la demande de la commission sénatoriale d’enquête pour prouver qu’il ne détient pas une autre nationalité ?.Une situation d’instabilité politique a été  créé et on demande au président, la victime,  de prendre une mesure qui viendrait libérer  le sénateur Moise de son propre piège. C’est la guerre tranquille que le peuple  ne peut pas  détecter.

3. La stratégie de la dégradation
L’objectif final des ennemis de Martelly est son éjection du palais national. La stratégie de la dégradation  dans la manipulation des masses  consiste á indexer  chaque jour  les attitudes de l’artiste autrefois appréciées  par le public  pour en faire aujourd’hui des causes de dégoût et de regret. Voici les différentes dégradations dont le président a été victime d’Octobre 2010 á 2012. Grivois, putchiste. FRAPHiste, irrespect des prérogatives constitutionnelles dans sa manière d’imposer mano militari des taxes,  étranger á  la présidence d’Haïti. Aujourd’hui  C’est un «  Kwipe » qui ferait honte á  l’élite haïtienne et á  la presse alors que le gros peuple se félicite de trouver en Martelly , un président capable de dire au parlement les quatre vérités qui’il voudrait dire lui-même, mais qu’il ne peut pas dire, parce qu’on lui refuse toujours  d’utiliser son seul moyen d’expression qui est sa carte électorale pour sanctionner les candidats.. Le  kwipe »au quotidien du petit peuple des rues  n’est rien d’autre qu’un geste de dégout et de répugnance de celui qui le fait á l’endroit d’un adversaire qui ne mériterait même pas une réponse suite á  une parole très déplacée versée dans une prise de bouche. Elle signifie  «  mwen wont pou wou »

Le sens  du Kwipe » du président signifie qu’il éprouve de la commisération  pour la presse qui pourrait mieux aider la population a adresser ses problèmes majeurs au lieu de faire le jeu d’un adversaire politique qui ne cherche qu’á créer des situations de retard  pour bloquer les initiatives en faveur de la grande masse. La toute dernière goutte d’eau est la lettre ouverte écrite par le président de l’assemblée  nationale, le Sénateur Dieuseul Dera Simon,  largement reprise par la presse sans esprit d’analyse  et dans laquelle , mr Dera se permet de juger publiquement les actes du président et d’exiger avant toute investigation des faits  des excuses á  la population , á la presse et  un acte d’amendement  conditionnel á  toute  reprise normale des relations avec le parlement.

Le sénateur Simon le faisant vient de créer une nouvelle situation de conflit avec l’exécutif, car il sait très bien que dans le cas de différend opposant le législatif á  l’exécutif, c’est la commission de conciliation  qui est la première instance constitutionnelle  á  consulter pour aplanir le différend et non son titre de président de l’assemblée nationale.. Ce comite serait formé
a-Du président de la cour de cassation Président
b-Du président du Senat vice président,
c-Du président de la chambre des députés membres,
d-Du président du conseil électoral permanent membre,
e-Du  vice président du CEP membre
f- De deux ministres désignés par le président de la république  membres

Le mode de fonctionnement de cette commission  est déterminé par la loi.

Etant dans l’impossibilité de faire appel aux bons offices de cette commission que la quarante huitième avait  refusée de  mettre  en place pendant les vingt cinq ans de lavalas  et refusant á priori toute solution légale  qui ne trancherait pas en sa faveur de son parti le sénateur a préféré joué  la carte de la dégradation progressive du président pour porter l’opinion a se désolidariser de lui. En réalité, le sénateur Dera mène une guerre tranquille contre le président. Le sénateur DERA a utilisé le pouvoir des media pour régler ses différents  personnels avec le chef de l’exécutif

.4-Appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion
Les haïtiens avertis  ne tarderont pas á constater que les sénateurs les plus opposés au Président Martelly ont donné une conférence de presse dans laquelle ils disent que sur 10 dossiers analysés des membres de l’exécutif, il y aurait  deux membres détenant  la nationalité étrangère tout  en se gardant de décliner les noms. La presse a dramatisé l’information dans le sens du parlement  en relayant une information retenue comme une manipulation politique. Pourquoi la presse a donné  tout cet écho á  une information que ne veulent pas clarifier les sénateurs conférenciers eux-mêmes ?Y aurait il entre la presse et le parlement une relation privilégiée  qui voudrait que toutes les déclarations  sans preuve soient grossies  pourvu que ce soit contre le président ?.On ne sait pas . L’explication politique la plus plausible pour le parlement serait que la trouvaille était trop  maigre  par rapport aux attentes soulevées  politiquement et qu’il était préférable de jouer la carte de la tension politique permanente laissant aux media d’achever la stratégie de la manipulation de l’opinion. La presse prise aux pièges du GPR et des déçus de Lavalas a  décidé de  jouer la carte de l’émotion   est tombée dans la  manœuvre politique du sénateur. et en  fait durer  le suspense.

5-Maintien du  public dans l’ignorance et la bêtise
Un des objectifs non avoués des stratèges de la manipulation des masses est une  campagne  de tension permanente  qui prive la population de son droit de réflexion pour ne pas percer le mystère des enjeux politiques. De fait les enjeux politiques sont d’empêcher que la droite ne profite des erreurs des vingt cinq années de lavalas pour reprendre définitivement le pouvoir et le garder pour vingt cinq années á  son tour .Cette manipulation de l’opinion a des enjeux économiques. Il ne faut pas  laisser á  l’équipe de Martelly la chance de bénéficier des sous contrats de la reconstruction ou des commissions juteuses issues de passation de marché  non-conforme aux exigences de la loi.. Il faut en outre détourner   á  tout prix les enjeux politiques et politiques de l’attention de la presse qui ferait le jeu de Martelly en dénonçant  la signature frauduleuse de contrats  par l’administration antérieur et dont profiterait des hauts placés du GPR. Il faut créer pour la nouvelle administration une situation de malaise politique  qui force constamment  l’équipe de Martelly á faire des concessions  chaque fois qu’elle  voudrait réaliser la plus petite de ses promesses électorales de campagne jusqu'à sa reddition totale.

La presse est utilisée comme bouc émissaire dans cette guerre larvée d’information dont l’enjeu  est la récupération du pouvoir exécutif perdu par l’INITE au grand dam de la droite qui n’aurait  pas fini encore de purger ,selon la gauche, la punition ineffable de l’article 291 de la constitution de 1987 après 25 années d’exclusion. Il faut á  prix gagner la bataille de l’amendement constitution qui conforterait les INITE et Lavalas déçus  dans leurs  ambitions de garder le pouvoir pour un autre demi-siècle.

Cette affaire de la double nationalité, fusse  elle vraie, resterait de la poudre aux yeux pour brouiller les pistes et empêcher á  la population de découvrir les objectifs  cachés de la manipulation politique , profitable á  lavalas, á  l’INITE et aux quatrevingtsixards á certains égards.

Une  nouvelle manœuvre s’annonce. Comme les feux de flamme des dossiers Moise et Bélisaire  sont presque éteints  sans atteindre le but recherché, il faut  créer tout de suite de nouvelles distractions au niveau des sujets les plus sensibles. Les spécialistes de la manipulation des masses s’improvisent défenseurs des journalistes les plus en vogue. On attribue en deux fois á  Daly Valet des points de vue qu’il n’a pas du tout exprimés sur le président de la république.. Il y a deux  mois c’était Valery Numa qu’on disait de garder  un profil bas en raison des certaines menaces  voilées de l’exécutif quand  une semaine plutôt l’intéressé avait annoncé qu’il irait  consacrer son temps á  la mise en onde de sa station de radio Platinium qui émettrait á  l’avenir en simulcast avec vision 2000 pour les émissions de nouvelle et d’analyse politique. La semaine dernière  c’était au tour de Jean Monar d’etre menacé par le pouvoir . Demain ce sera peut être une intention prêtée au gouvernement de menacer Marvel Dandin dont les commentaires mêmes orientés  ne sont  pas des préoccupations majeures pour le president.

.Une nationalité étrangère á  la tête du pays  n’est pas objectivement et politiquement parlant une cause de destitution parce que le véritable homme fort qui contrôle les leviers du pays  n’est pas Michel Martelly mais le blanc..Le blanc est le véritable président qui fait les élections, qui choisit son président, qui choisit ses parlementaires, qui met  un avion en stand by sur la piste de l’aéroport pour envoyer en exil un président en exercice s’il laisse  la situation se dégénérer entre ses mains .Il est celui qui ordonne l’approbation du choix de son  premier ministre, et qui finance le Budget de la république á  70%.Aujourd’hui il intervient dans la gestion de la fédération haïtienne de Football..De quelle nationalité est le blanc qui nous dirige? Questionne t-on la nationalité du  blanc ?. Allons nous éjecter le blanc de son trône de Président suprême d’Haïti? Sinon de quoi  nous parlons ? Que visons nous dans cette question de double nationalité ?Voudrions nous mettre un autre haïtien á la place de Martelly pour exercer le même pouvoir dans les mêmes conditions imposées á Martelly ?

Mon souhait est que nous n’aggravons pas d’avantage les divisions entre frères haïtiens. Nous en avons fait l’expérience malheureuse  avec  Mr Aristide, avec Mr Latortue, avec Mr Préval .Pourquoi  ne nous entendons nous pas pour  mettre de l’ordre dans nos affaires et trouver le consensus haïtien pour libérer Haïti de la tutelle de l’Internationale qui nous tire la ficelle ? Pourquoi pas rédiger une nouvelle  constitution qui mettrait fin aux ambitions inavouées de maintenir un régime politique instable avec un parlement qui cherche á toujours renforcer son emprise sur l’exécutif pendant que dans les coulisses  il complote pour faire perdurer officieusement l’article  291 épuisée de la constitution depuis 1997.

La société ne doit plus tolérer cette médiocrité de la presse haïtienne par Renald Luberice
Parce que la presse haïtienne est dans l’ensemble médiocre, elle constitue un frein à la démocratisation au lieu d’être un catalyseur au processus devant permettre l’exercice en Haïti du pouvoir pour le peuple, par le peuple et au nom du peuple. La société haïtienne ne doit plus tolérer cette médiocrité. Je tâche de développer mon argumentation en deux points. Premièrement je souligne les constituants de cette médiocrité. Deuxièmement j’établis le lien entre cette médiocrité et les mécanismes qui participent de ce ralentissement voire de l’immobilisation de la démocratisation et explique pourquoi nous ne devons plus fermer les yeux à ce sujet.

1)   Les constituants de cette médiocrité
En fait, de 2007 à nos jours je n’ai eu de cesse de souligner les mécanismes de blocage de l’émergence de l’Etat moderne en Haïti (à ce sujet lire mon livre intitulé  Haïti : Etat fortuit ? Mécanismes de blocage et/où d’accélération de l’émergence d’un Etat moderne sérendipe , Berlin (Allemagne), EUE, 2011).

J’ai par ailleurs souligné dans mes articles de vulgarisation des apparats politiques, la non rationalisation de l’activité politique, l’incapacité manifeste de nos élites de mener un projet collectif (la fondation de la nation haïtienne) comme autant de handicap à un « mieux être haïtien ». Toutefois une analyse objective de la situation contemporaine ne peut faire l’économie du rôle de la presse. La médiocrité de cette presse empire la situation politique d’Haïti. La presse participe plutôt à l’institution d’une médiocratie qu’à une démocratisation. Deux éléments essentiels facilitent cette médiocrité : a) les travailleurs de la presse (en particulier les journalistes) ne sont pas formés, b) leur situation économique est souvent pitoyable.

a)    formation des journalistes en Haïti
Le projet d’institution de la démocratie en Haïti avec la chute des Duvalier a permis  l’explosion d’une presse libre, essentiellement parlée. Cette presse est constituée d’amateurs, de militants politiques drapés du costume de journaliste. Ses travailleurs sont très peu formés. Ils ne dépassent généralement pas la terminale (la philo, en Haïti). Les rares journalistes qui ont pu fréquenter l’université n’ont pas obtenu de diplôme universitaire. Il est exceptionnel de trouver un journaliste haïtien diplômé d’une université reconnue exerçant son métier avec professionnalisme. Au niveau intellectuel on ne peut pas attendre grand chose de cette corporation. La méthodologie d’enquête en sciences humaines et sociales, proche de celle du journalisme, s’apprend à l’université. Les journalistes haïtiens n’y ont pas été, ils n’y sont pas familiers. Alors tout ce qu’ils savent faire c’est  du « voye moute ».

b)   Situation économique des journalistes
La situation professionnelle des journalistes en Haïti est préoccupante. Celui qui réussit à gagner 20.000 gourdes (400 euros), honnêtement en exerçant sa profession est un héros national. Parce qu’il est difficile de vivre par le biais de sa profession, nos journalistes sont très jeunes et doivent souvent déroger aux principes éthiques en vue de grappiller quelques sous.  Les associations de journalistes ne s’occupent pas vraiment des conditions de travail des journalistes. Les associations de propriétaires de médias n’en ont cure que des propriétaires de médias roulent dans des voitures à 120.000 dollars américains pendant que leurs employés journalistes peinent à s’acheter du déodorant ! Dieu sait que les conditions matérielles d’existence des hommes déterminent leur capacité de réflexion, leur vision d’eux-mêmes et des autres.

En Haïti les conditions d’entrée dans la profession de journalisme ne sont pas déterminées. Aucune instance ne contrôle la délivrance des cartes de presse. Le Conseil National des Télécommunications n’entreprend rien qui aurait pu structurer la profession. La conséquence de toutes ces inconséquences est qu’éthique et journalisme en Haïti sont vraiment antinomique. Point n’est besoin de se demander si cela a des impacts sur la démocratie.

2)   Médiocrité et ralentissement de la démocratisation
Cette presse aurait dû dans la logique des choses contribuer au renforcement de la démocratie en Haïti. Mais elle n’en est pas à la hauteur. Cela a pour conséquence de concourir à ralentir voire immobiliser la démocratisation. Ne dit-on pas que la presse constitue un pouvoir ? Eh bien, donnez le pouvoir à un type qui n’est pas éclairé, il le travestit et le rend méconnaissable. Rappelez-vous du troisième président de l’Ouganda Idi Amin Dada Oumee : imposant, impressionnant, forte capacité destructrice mais très peu de chose dans la tête. C’est un peu cela la presse haïtienne. Elle parle avec autorité, donne des informations qu’elle n’a absolument pas vérifiée et n’a jamais mené une enquête sérieuse sur quoi que ce soit, sur qui que ce soit. Elle ne sait pas se situer dans les champs sociaux, incapable donc de définir son rapport avec la politique et les politiques.

Quiconque a côtoyé les journalistes haïtiens dans les moments de crise aura le sentiment qu’ils en font tellement (sont tellement excités) qu’ils éprouveraient un certain plaisir si tout se cassait. Vu que Haïti vit en crise permanente nos journalistes restent donc en permanence dans cet état d’esprit. Qui n’est pas dans cet état là n’est pas journaliste. La conséquence de cela est qu’ils n’ont point de recul par rapport à l’actualité et aux faits politiques. Leur formation sommaire constitue, par ailleurs, un sérieux handicap à l’analyse sociopolitique. En plus de cela, ils sont prisonniers d’un agenda politique qui les dépasse.

Pour concourir à la définition de l’agenda politique les journalistes auraient besoin d’effectuer un travail de journaliste. Vu que l’espace politique haïtien est parsemé de politiciens véreux qui n’ont d’intérêt que dans la descente aux enfers d’Haïti, qui ne jurent que par l’éternel recommencement, les journalistes, volontairement ou par ignorance, deviennent leurs alliés les plus fidèles et les plus efficaces.  Ce sont ces véreux politiciens qui définissent l’agenda et non les journalistes.

Un renforcement de la démocratisation aurait pourtant besoin de journalistes qui enquêtent sérieusement sur les cas de corruption, questionnant les budgets, mettant en relief l’écart entre projets annoncés et résultats obtenus, révélant à la population ce qu’on cherche à lui cacher, etc. Quel citoyen haïtien n’aurait-il pas été content si un journaliste révélait, suite à une enquête sérieuse et crédible, comment et pourquoi la version amandée de la constitution a-t-elle été altérée ? Qui ne serait pas satisfait de voir un média menant enquête indépendante sur la nationalité des officiels haïtiens, ne se contentant pas des allégations du sénateur Moïse, révéler la vérité sur la question ? Qui ne serait pas content de voir un brillant journaliste révéler à la nation qui est l’auteur de l’assassinat de Jean Dominique ? etc. ?

La plupart du temps nos journalistes préfèrent colporter, « faire du  zen » au lieu d’exercer la profession qu’ils prétendent exercer. De ce fait, une médiocratie s’installe dans le pays et la nation haïtienne reste la première perdante. Nous ne devons plus fermer les yeux sur cet état de fait. Si nous sommes en positions de dénoncer, dénonçons. Si nous sommes en position de décider, décidons. Prenons des mesures pour que le journalisme soit une réalité en Haïti.

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