Wednesday, September 14, 2011

Haiti: Les révélations douloureuses de Michel William



Souvent  dans la nuit, á force de penser  au drame économique qui se joue sur le terrain politique haïtien  je deviens rêveur en me laissant aller á  des analyses les plus osées pour expliquer les comportements tantôt étranges  tantôt  justifiés des acteurs. Des fois  je remonte le cours de l’actualité  pour essayer de comprendre le rôle dévolu á   un des acteurs, la presse, dans  cette tragi comédie politique .D’autres fois  je vais á  la poésie  et  je deviens   très triste  comme Paul Verlaine pour vivre dans mon cœur  le futur sombre du pays  comme les feuilles mourantes  de  l’automne. Puis n’en pouvant plus, je soumets á   l’appréciation des internautes ce poème de Paul Verlaine et  á  la méditation des acteurs politiques de l’intérieur ces vers tirés  d’Andromaque de Racine

Chanson d'automne
Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon cœur
D'une langueur
Monotone.
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure,
Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà
Pareil à la
Feuille morte.

En metteur en scène improvisé et analyste politique averti, je fais jouer par Gary Conille  le rôle d’Oreste dans Andromaque de Racine lorsqu’il dit « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes » et plus tard « Je me livre en aveugle au destin qui m’entraine »

Dans une réflexion non moins  sereine  je verrais un Michel Martelly dans le  rôle  de Pyrrhus qui ne peut pas payer le cout de sa victoire aux urnes. Je vous demande  á  tous haïtiens, haïtiennes  mes frères et sœurs, d’y réfléchir

Je ne doute pas d’un seul instant de la volonté du Président Michel Martelly de sortir le pays du marasme politique et économique créé par vingt années de pouvoir anarcho-populiste qui a pesé de tout son poids sur l’héritage du pouvoir dictatorial des Duvalier . Je ne doute pas non plus de la volonté des hommes qui ont soutenu la campagne  électorale  de Mr Martelly du besoin urgent  de toucher  les dividendes  sur les débours consentis  et de leurs sentiments républicains ambitieux  pour Haïti. Je ne prétends pas nier non plus les  inquiétudes justifiées des artisans de la transition avortée de l’INITE qui se voient  voler une pactole et perdre un pouvoir longuement rêvés  après avoir construit frauduleusement  un bouclier politique de protection légale . C’est dans ce sens qu’il faut comprendre le  blocage  de la constitution du nouveau gouvernement au niveau  de la présidence et  du législatif haïtien. Ne soyons  pas le dindon  de la farce que nous a cuisiné l’étranger pour s’en régaler á  nos dépens.

Mais, l’énigme réelle que je n’arrive pas á  déchiffrer  est la  position  partisane  affichée de la presse á travers les medias dominants dans  leurs éditoriaux  ou dans  les commentaires des émissions á  grande écoute .  Dans le cas de radio Caraïbes, on doit assimiler la position de Jean Monard á  une dérive momentanée du   soutien inconditionnel  au candidat de son cœur ayant perdu les élections malheureuses de 2011 dont il n’arrive  pas á  se remettre. Les moments chauds sitôt terminés, notre ami retrouvera bientôt la gestion habituelle de ses mega  émissions  en  surveillant  l’esprit partisan qui commence á  transpirer  de ses prestations. Pour les autres media en dehors de Signal FM qui s’était positionné face á  Radio Caraibe pour les raisons similaires,  le doute reste entier sur la motivation des journalistes talentueux qui peignent á retrouver  la neutralité  dont ils faisaient preuve dans le traitement de l’information.

Premièrement, je ne crois pas un seul instant que ces journalistes  sont mus.  par un intérêt  financier quelconque. Ils ne l’ont pas été hier. Il n’y a aucune raison  pour qu’ils le soient aujourd’hui. C’est ma conviction la plus intime.

Les directeurs d’opinion de ces medias dominants ont entretenu dès la campagne du candidat  Martelly, un sentiment de boycottage sur chacune de ses initiatives .Le clou de cette partisannerie est  enfoncé  dans toute sa cruauté  dans la chair du président dans le rejet des premiers ministres et dans le bilan sinistre  des cent premiers jours de son pouvoir dont  l’échec est aussi celui  du parlement qui y est lié. Il ne saurait avoir de bilan présidentiel sans un bilan parlementaire. L’échec  de l’un est aussi celui de l’autre. Le succès de l’un est aussi  celui de l’autre.. On sent  et on vit l’impartialité des journalistes dans leur animation écrite ou orale des articles qui ont royalement ignoré le  bilan également désastreux du législatif.
Cette semaine  j’ai noté en plus deux cas béants
Le premier est d’accepter que le sénateur Moise Jean Charles traite ,publiquement et á   la face du monde, de maitre d’arme de menteur et de  coquin, Mr Michel Martelly, qui a rang d’excellence en tant que président de la république et  celui des dix millions  haïtiens .Des journalistes avisés se devaient de ne pas accepter un traitement aussi odieux  du président de la république par un membre á  part entière  du pouvoir législatif au bout  de leurs micros. Ceci ne se fait dans  aucun pays du monde, fut il autrefois  une république bananière de l’Amérique centrale. D’ailleurs  même au niveau du grand Corps, le groupe des 16 devrait rappeler  á  l’ordre le  Sénateur  Moise, qui aux Etats Unis serait accusé  d’aller trop loin et le cas échéant forcé  á   donner  sa démission ( cas mineur  député  Anthony Wiener) (un journaliste de MSNBC écarté de la station pour un accroc de langage)  .Les journalistes ne l’ont pas entendu de cette oreille. Pourtant ils l’ont fait quand Mr Martelly avait commis le lapsus lapidaire  d’évoquer l’idée regrettable de la dissolution du parlement. Ils ont défendu du bec et des ongles l’intégrité du parlement  .

L’autre cas est la position confuse  des journalistes  des media dominants dans le choix et la ratification du premier ministre désigné  Gary Conille. J’ai été vraiment attristé de suivre l’insistance de la journaliste vedette de radio vision 2000 dans son animation d’acculer le premier ministre désigné á  confirmer l’animation politique et irrespectueuse  du Sénateur Moise  Jean Charles concernant la  décision  éventuelle de faire ses adieux á la désignation de ce poste  suite  á  la présentation d’une lettre de  démission anticipée á  lui soumise par l’épouse du président et conseillers de ce dernier. Je  pourrais encore citer  les interviews réalisées dans les autres media dominants soit avec le premier ministre désigné, soit avec le sénateur Jean Charles. On  y décèle la même  volonté des journalistes de donner foi aux déclarations  enflammées du sénateur revêtu de son costume d’activiste de béton, qui armé d’un couperet  cherche a asséner au président des meurtrissures qui blessent jusqu’aux os. Les journalistes se sont fait naïvement avoir et pourraient être jugés  de complices de la volonté politique du sénateur  de salir  le prestige du président de la république et de ses conseillers , fut ce pour le plaisir  de créer un spectacle au gout amer pour le public  ?

Le doute devrait être  levé définitivement sur la naïveté  des  célébrités de notre presse á  partir du traitement de l’article 157 vis avis  de Mr Gary Conille  et de leur repositionnement rapide au constat d’un changement du vent en faveur du premier ministre désigné. Le parlement nous a appris en rejetant le choix des deux premiers ministres  que le vote de l’assemblée  est toujours politique. Si le vote est politique et que c’est le vote du parlement qui s’impose á  la nation, pourquoi insister sur la non éligibilité du premier ministre désigné par rapport aux prescrits de l’article 157 et á  la non applicabilité  des conventions de Genève ou des Nations Unies au cas d’espèce ?Ce traitement conjoncturel et biaisé de l’information concernant la ratification du choix du premier ministre désigné á  l’aune d’une constitution sodomisée par l’étranger et par le  combiné exécutif parlement d’INIITE ,  dégage un message  au  gout amer .Celui-ci s’apparente  a un jeu subtile  qui aurait pour unique objectif de retarder la formation du nouveau gouvernement et de précipiter inconsciemment   le chaos politique tel que souhaité  par le GPR.

Nos journalistes d’élite savent que le parlement et la présidence  sont deux institutions de facto qui nous régissent par la volonté des Nations Unies  de redistribuer  les votes électoraux  selon un agenda connu seulement d’elles. Pendant que nous nageons en pleine inconstitutionnalité  nos journalistes font appel á  mme Manigat , un mauvais perdant,  redirait l’OEA, pour évoquer dans des arguments fallacieux la violation de la constitution dans la ratification pressentie du choix du Premier ministre désigné. En toute sincérité, je ne reconnais pas la presse héroïque qui a accompagné le peuple dans la débâcle post séisme et le comportement totalitaire du président Préval aux derniers jours de son pouvoir.

Lorsque la presse a soupçonné   maintenant qu’ á  la suite d’accords politiques internes et externes secrets la tendance au parlement est á  la ratification du premier ministre, elle prend  une nouvelle position de défense du premier ministre ,qu’une semaine plutôt elle présentait comme un candidat inéligible  á  ce poste. La presse devient l’avocat constitué d’office du premier ministre désigné pour le défendre contre une éventuelle manoeuvre politique du président qui aurait pour effet de le dissuader  de renoncer  á  ce poste. La presse a relayé á  grand renfort de  publicité nationale et internationale les interviews du sénateur Moise Jean Charles qui ne jouissait auparavant aucun crédit dans la même presse. Cette démarche controversée  et troublée de la presse  ne contribue plus  á  la formation critique des opinions. Elle influence négativement l’opinion publique. Que tout le monde  sache jusqu'à présent que la presse n’a fait  aucune intention déclarée de faire opposition ouverte   ni n’appuie un éventuel parti politique  d’opposition   existant ou en miniature au président de  la république. Le comportement acide de la presse  reste un élément d’inquiétude et de trouble fête  pour les observateurs  qui se demandent perplexes  ou elle  veut en venir ?

Ce n’est pas dans mon intention d’engager aucune polémique  avec la presse parce qu’il est dans l’intérêt de tous qu’elle  fasse son travail en toute liberté et en toute indépendance. Mais si d’aventure, on constate que par moment elle s’égare, on se demande pourquoi des invités de marque  comme  Maitre Menard, l’ambassadeur  Lalane, l’ancien membre konakom du conseil électoral provisoire et autres figures importantes de l’élite politique haïtienne, ne font pas usage de leur renommée pour adresser élégamment ces accrocs aux journalistes noyés  dans les eaux ténébreuses  d’habiles politiciens. Agissons consciencieusement  et sereinement ensemble pour éviter a Gary Conille le sort funeste d’Oreste et á Martelly de savourer pendant cinq ans la victoire couteuse de Pyrrhus . Nous en pâtirons tous.
michelwilliam1000@hotmail.com