Friday, January 2, 2009

Haiti: Bilan 2008 par Stanley Lucas

Il est correct de présenter chaque année un bilan, tableau qui décrit une situation à une date déterminée et en fonction des promesses faites. Voici comment Le Nouvelliste présentait l'essentiel du discours du président de la république 14 Janvier 2008, à la tribune du parlement haïtien, -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------


"Après la réforme de la justice, l'augmentation des recettes de l'Etat, la lutte contre la corruption..., le chef de l'Etat, René Préval se donne deux nouvelles priorités pour les trois prochaines années : la modernisation de l'Etat et la facilitation de l'investissement. René Préval a invité tous les secteurs du pays à travailler ensemble au développement du pays.....René Préval qui se dit satisfait des deux premières années de sa gestion estime que la solution aux principaux problèmes que vit le pays actuellement doit passer par la création d'un environnement favorable à l'investissement. « La création de richesses est la solution à la hausse des prix, au chômage et à la faim », a dit le président Préval. Pour permettre au pays de créer des richesses, le chef de l'Etat prône une lutte acharnée contre la contrebande et la corruption, la modernisation de l'APN, de la douane et l'augmentation du salaire minimum. En ce qui concerne l'augmentation du salaire minimum considéré comme une urgence pour le gouvernement, René Préval a fait état des pourparlers qui sont déjà engagés entre le ministère des Affaires sociales et le secteur privé des affaires. La réforme de l'Etat constitue l'autre priorité de René Préval pour les trois prochaines années." Le Nouvelliste 14 Janvier 2008 Avec ce discours du 14 Janvier 2008,




René Préval a pris des engagements. A-t-il respecté les promesses faites aux citoyens? --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------L'impression est nette que la reforme de la justice demeure un mirage, en dépit des beaux discours, de la valse des millions de la communauté internationale et même quand des lois sortent du parlement. La reforme est aussi une question de temps : on en convient. Toutefois, au cours de l'année 2008 au moins, la justice a offert un spectacle qui n'a pas plu à la très grande majorité des haïtiens. La politisation de la justice crée une inégalité devant la loi : des citoyens sont maintenus en prison ou relâchés en fonction de leur contact politique ou de leur capacité de payer. Le ministre de la justice René Magloire a reçu le 12 Avril 2008 un vote de non confiance vu l'absence de résultats concrets. Le va et vient de cette année entre le Palais national de Préval, la primature d'Alexis, le Parlement de Lambert, le Commissaire Gassant, le ministre de la justice René Magloire, le président du CNDDR Alix Fils Aime, la PNH, nous porte à poser la simple question: Qui est en charge ? Les affaires successives de Monique Pierre enlevée et assassinée et du pillage des millions d'Alain Désir à Port de Paix font frémir sur la volonté du pouvoir de reformer réellement la justice. -----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Une reforme de la Justice bien conçue et graduellement mise en place serait le commencent tant attendu de la modernisation de l'Etat que René Préval annonçait en grande pompe en Janvier 2008. Un an après, quels sont les résultats? Force est de constater que les signaux clairs tardent à venir, que rien n'a changé au sein des institutions de l'Etat. Le Ministère de la planification a organisé un séminaire sur la gestion des projets ; le ministère des Affaires Etrangères a installé un système informatique déjà désuet, etc.… La mise en place du plan de modernisation des institutions de l'Etat se fait attendre. Du discours de Préval en Janvier 2008 jusqu'a son renvoi, le premier ministre Jacques Edouard Alexis n'a jamais présenté un plan de modernisation de l'appareil de l'Etat. Ce dernier n'arrivait même pas à organiser de façon cohérente, pendant deux longues années au moins, un conseil de gouvernement. En 2008, il n'y a pas eu, dans les faits, de modernisation des structures de l'Etat. Un exemple : René Préval avait présenté le cas de l'APN où un container coutait le triple pour son dédouanement. Il avait insisté sur la modernisation des structures de l'APN. Pourtant, rien n'a changé, sauf que le Groupe de Bourdon a quasiment le monopole du port de Port-au-Prince. ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------A la fin de l'année, la question à se poser : est-ce que ces hommes et femmes au pouvoir ont la capacité de moderniser l'Etat?-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------L'augmentation du salaire minimum est un exemple frappant de fossé entre le dire et le faire. Comment peut-on faciliter l'investissement quand les règles du jeu ne sont pas respectées, quand les institutions sont défaillantes et que des mesures spectaculaires ne sont pas encore pensées et prises pour rassurer l'investisseur potentiel? Comment peut-on faciliter l'investissement quand le palais national donne facilités, protection, avantages à un groupe? Du point de vue de la démocratie, la principale conséquence du monopole est le contrôle que le monopoliste peut exercer et exerce effectivement sur le gouvernement. Ce contrôle limite considérablement l'exercice de la démocratie en Haïti, puisque le Groupe de Bourdon gouverne Haïti par des voies officieuses, notamment par l'accès illimité aux bureaux du président de la république, de certains ministres, directeurs généraux que des fois il nomme. Comment l'homme d'affaires de la Diaspora ou étranger, voulant investir en Haïti, peut-il s'en sortir quand un groupe domine l'économie grâce au pouvoir politique qui est sous son contrôle? Il n'y peut y avoir d'investissements sans une lutte contre tout monopole. ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------La fameuse lutte contre la corruption devient un leurre dans ces conditions: Rappelons que la corruption est la perversion ou le détournement d'un processus ou d'une interaction entre une ou plusieurs personnes dans le dessein, pour le corrupteur, d'obtenir des avantages ou des prérogatives particuliers ou, pour le corrompu, d'obtenir une rétribution en échange de sa bienveillance. Elle conduit en général à l'enrichissement personnel du corrompu. C'est une pratique qui peut-être tenue pour illicite selon le domaine considéré (commerce, affaires). En 2008, Haïti a été classé parmi les trois pays les plus corrompus de la planète. Le citoyen haïtien a été le spectateur privilégié de différents scandales de corruption: l'ONA, les 197 millions débloqués pour les victimes des quatre cyclones, l'affaire Monique Pierre, l'affaire des 32 millions, le détournement des fonds de la Teleco…. La corruption se retrouve au sein du Législatif, du judiciaire et de l'exécutif, au Palais national (René Préval dixit).- Cette corruption affaiblit la capacité de gouverner le pays, accentue les disparités économiques et sociales, sape la primauté du droit et entache la légitimité des responsables politiques au pouvoir. A cause de cela, l'Etat est devenu défaillant et en déroute, incapable d'assumer ses responsabilités envers les citoyens. Pour que la lutte contre la corruption ne soit et ne demeure qu'un slogan, si René Préval veut être crédible, lors du discours de janvier 2009 devant le Parlement, il devrait:----------------------------------------------------------------------------------------a. nommer un vice premier ministre chargé de la lutte contre la corruption, les kidnappings, la cocaïne et le blanchiment de l'argent -----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
b. déléguer l'autorité politique nécessaire a ce vice premier ministre charge de lutter contre la corruption. ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
c. placer les institutions UCREF, ULCC, l'Unité de lutte contre le blanchiment a la banque centrale sous son autorité --------------------------------------------------------------------------------------------------------------
d. Déposer au parlement de nouvelles lois --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
René Préval peut-il mener résolument la lutte contre la corruption ? Est-il prêt à donner le support politique indispensable à cette lutte contre la corruption en Haïti ? René Préval peut-il changer les règles du jeu de la corruption qui s' étale dans toute sa splendeur?------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Dans ce discours Rene Preval devrait aussi presenter aux citoyens d'Haiti le plan de reconquete de la souverainete nationale et le cadre politique garantissanr des elections senatoriales libres et honnetes. On attend le discours bilan de janvier 2009 et les nouvelles promesses du Chef de l'Etat qui, nous le souhaitons vivement, seront suivies d'exécution. Un Chef d'Etat doit tenir ses promesses !